Le club des lecteurs vous propose ses avis de lectures du mois de mars 2023.

Florence

"BlackWater – La crue Tome 1", de Michael McDowell (1950-1999)

Pâques 1919, alors que les flots menaçant Perdido submergent cette petite ville du nord de l'Alabama, un clan de riches propriétaires terriens, les Caskey, doivent faire face aux avaries de leurs scieries, à la perte de leur bois et aux incalculables dégâts provoqués par l'implacable crue de la rivière Blackwater.

Menés par Mary-Love, la puissante matriarche aux mille tours, et par Oscar, son fils dévoué, les Caskey s'apprêtent à se relever… mais c'est sans compter l'arrivée, aussi soudaine que mystérieuse, d'une séduisante étrangère, Elinor Dammert, jeune femme au passé trouble, dont le seul dessein semble être de vouloir conquérir sa place parmi les Caskey.

Au-delà des manipulations et des rebondissements, de l'amour et de la haine, Michael McDowell (1950-1999), ¬co-créateur des mythiques Beetlejuice et L'Étrange Noël de Monsieur Jack, et auteur d'une trentaine de livres, réussit avec Blackwater à bâtir une saga en six romans aussi ¬addictive qu'une série Netflix, baignée d'une atmosphère unique et fascinante digne de Stephen King.

Découvrez le premier épisode de Blackwater, une saga matriarcale avec une touche de surnaturel et un soupçon d'horreur.

Un moment agréable, je ne me suis pas jetée sur le tome 2. Je vais le lire tout de même rapidement. Le personnage de Elinor est très énigmatique, la façon dont elle a été secourue, son rapport avec le cours d’eau est des plus ambiguë (navigue facilement dans le courant rapide et dangereux de la rivière, se baigne sans difficulté là où le courant est le plus fort …..) 

"Cher Connard", de Virginie DESPENTES

«  Cher connard,

J’ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chié sur l’épaule en passant. C’est salissant, et très désagréable. Ouin ouin ouin je suis une petite baltringue qui n’intéresse personne et je couine comme un chihuahua parce que je rêve qu’on me remarque. Gloire aux réseaux sociaux  : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire. La preuve  : je t’écris.  »

Ce sont les échanges par réseaux sociaux, entre Rebecca Latte, actrice renommée d’une cinquantaine d’année, droguée, et Oscar Jocard, auteur à succès. Oscar, alcoolique, est sous le coup d’un déferlement d’injures sur les réseaux sociaux, à la suite d’une accusation de harcèlement sexuel de la part de Zoé Katana, qui était stagiaire chez son éditeur, une dizaine d’années plus tôt.

Le début de la lecture a été difficile, du fait du déchaînement d’insultes d’une grande violence. Pourtant, petit à petit, les échanges entre Rebecca et Oscar s’apaisent, évoluent pour devenir constructifs. Sans s’en rendre compte, ils vont devenir amis, se soutenir dans leurs difficultés de vie.

Un roman positif que j’ai beaucoup aimé. Je suis très peu présente sur les réseaux sociaux et franchement « ça ne donne pas envie ».

"Le soldat désaccordé", de Gilles Marchand

Paris, années 20, un ancien combattant est chargé de retrouver un soldat disparu en 1917. Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il va découvrir, au milieu de mille histoires plus incroyables les unes que les autres, la folle histoire d'amour que le jeune homme a vécue au milieu de l'Enfer. Alors que l'enquête progresse, la France se rapproche d'une nouvelle guerre et notre héros se jette à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d'espoir dans un monde qui s'effondre

Le narrateur a perdu une main au début de la guerre. Il restera sur le front à rendre des services, notamment chauffeur, grâce à une prothèse bricolée. Revenue de la guerre, il va s’improviser enquêteur pour retrouver des disparues de la Grande Guerre. Madame Joplain, riche Parisienne, va le charger de retrouver son fils, Emile, dont elle est sans nouvelle. Le narrateur mène son enquête à la recherche d’Emile, grand poète. Quelles que soient les circonstances, il écrit des poèmes à son amoureuse, Anna, dans l’espoir de la revoir un jour. En parallèle, on suit les tribulations d’Anna, qui n’a qu’un objectif, retrouver Emile. Son enquête va durer de nombreuses années.

Bien que le sujet de la guerre ne m’attire pas du tout, j’ai lu ce livre car l’auteur vient à la médiathèque. J’ai beaucoup aimé ce roman, malgré qu’il ne soit pas gai. A priori, il rapporte bien la vie des soldats pendant la guerre, on a l’impression d’être dans les tranchées. On est emporté par le narrateur et son enquête.

"Les étoiles les plus filantes", de Estelle Sarah Bulle

C'est l'histoire du tournage du film "Orfeu Negro" à Rio. Le metteur en scène, Aurel, et sa jeune femme, Gypsie, doivent trouver des acteurs et musiciens dans les favelas, et surmonter les problèmes de financement. Personnages et ambiance sont singuliers et attachants.

"Ultramarins", de Mariette Navarro

Le monde spécial des marins sur un cargo, dont la commandante accepte leur idée d'arrêter le bateau en pleine mer pour qu' ils puissent tous se baigner. Mais, après ce bain singulier, 21 hommes remontent sur le navire au lieu de 20 au départ. Suspense total.

"Fabrice", de Pierre Benoît

Été 1944, dans le Gers, encore occupé par les allemands et où la Résistance est très active sous l'impulsion d' Aydé, la jeune femme de Fabrice, aviatrice, partie sans lui donner de nouvelles. Puis Fabrice est de retour au pays après avoir été prisonnier en Allemagne.
Coup de coeur.

" Le restaurant de l'amour retrouvé ", de Ito Ogawa

En rentrant du travail, elle retrouve son appartement totalement vide. Son petit ami est parti en emportant tout. Sous le choc, elle perd la parole, retourne dans son village natal pour y ouvrir un restaurant dont la singularité est de ne servir qu'un repas par jour dédié au désir le plus profond de chaque client. Coup de coeur.

"De notre monde emporté ", de Christian Astolfi.

L'histoire de la fermeture du Chantier Naval de La Seyne-sur-Mer. Désillusions des ouvriers très attachés à leur travail, avec pour bon nombre d'entre eux de graves séquelles dues à l'amiante. Intéressant. 

Christine

"Avec toute ma colere", d'Alexandra Lapierre

Ce livre est une biographie de deux femmes, Lady Maud Cunard et sa fille Nancy Cunard. Elles ont vécu la fin du 19ème siècle et une bonne partie du 20ème. C'est sans doute leur seul point commun.

Alexandra Lapierre a principalement relaté la vie de ces deux femmes riches (Maud détenait par mariage la forture des "Cunard line", compagnie maritime américano britannique, concurrente de la "White Star" à l'origine du Titanic) sous l'angle de la haine qu'elles ont éprouvée l'une envers l'autre. L'auteur évoque au travers d'un dialogue à distance la vie de chacune d'elle.

Maud s'est distinguée par son engouement pour les arts, la musique surtout, et une certaine forme d'obsession de la liberté, de sa liberté, surtout dans son rapport aux hommes qui défrayait la chronique à son époque. Nancy, ayant souffert du comportement de sa mère lorsqu'elle était enfant, a pris un contrepied radical pour mener sa vie. Elle a aussi   mené de nombreux combats sociaux (lutte contre le racisme aux Etats Unis et en Europe, le fascisme etc..) la condition de la femme et une certaine forme de liberté sexuelle. Sa beauté et ses prises de position étaient en opposition avec celles de sa mère et celles de son époque bien sûr.

Le livre est intéressant, bien écrit, on y apprend des choses mais l'angle choisi par l'autrice est un peu réducteur surtout lorsqu'il s'agit de Nancy dont la vie était très en avance pour son temps.

"Harlem shuffle", de Colson Whitehead

Ce roman est une fresque sociale dans les années 60 à New York plus précisément à Harlem. Ray Carney, marchand de meubles, y vit et y travaille.Son père était un escroc connu dont il a un souvenir amer. Son souhait est de se faire une belle vie, du moins la meilleure possible dans cette ville avec sa femme et ses deux enfants.

Mais il y a son cousin Freddie qui, lui, ne manque jamais de se mettre dans les ennuis, les vrais, et entraine Ray Carney sur la mauvaise pente.

Le roman décrit un Harlem en mutation où la pègre sévit et s'organise avec son lot de corruption en tout genre mais où une nouvelle classe sociale composée d'Afro-Américains ayant réussi veut prospérer également. L'auteur nous donne une idée de Harlem avec ses rues boutiques clubs etc, qui nous font découvrir les quartiers. Les émeutes sociales viennent souder la population qui n'admet plus les débordements de la police blanche qui sévit. Les associations de défense des droits civiques sont en plein essor.

Au travers de tout cela on suit Ray Carney dans des périgrinations dangereuses qui sont un peu longues à lire tant il y a de détails et de noms mais l'ensemble du roman est fort intéressant.

Stéphanie

« Le royaume désuni », de Jonathan Coe

Le roman démarre à Bournville, ville proche de Birmingham et connue pour sa célèbre chocolaterie, avec Mary Clarke fillette de 9 ans émerveillée par les festivités organisées à l’occasion de la victoire de mai 1945.

Elle y croise Geoffrey Lamb, fils d’un collègue de son père. On les retrouve quelques années plus tard, fiancés et suivant le couronnement de la reine Elizabeth II. Ils auront trois fils et nous allons suivre le fil de leurs vies à travers le fil de l’histoire de la Grande-Bretagne.

Mon avis :  J’ai bien aimé ce roman et j’ai trouvé original de suivre cette famille à travers les grande dates de la Grande-Bretagne. J’ai trouvé le personnage de Mary touchant.

«Sambre », de Alice Géraud

Une journaliste, Alice Géraud, retrace l’histoire des victimes d’un violeur du Nord de la France qui a sévit pendant trente ans jusqu’à son arrestation en 2018.

Des plaintes des victimes qui ne sont pas prises au sérieux, aux enquêtes de la police bâclées, on suit la journaliste le long de ce fleuve du Nord, la Sambre.

Mon avis : Enquête intéressante et ahurissante lorsqu’on est confronté au mépris qu’ont subi les victimes du violeur, on se laisse emporter par ce livre.

« Petite sale », de Louise Mey

Catherine est une jeune femme pauvre qui est employée au Domaine, riche propriété de sa région où règne une atmosphère d’un autre temps portée par le riche propriétaire qui considère que tout lui appartient, les terres, les bêtes, les employés. L’action se passe dans les années 60.

Un jour de février, la petite-fille de celui-ci est enlevée sous les yeux de Catherine. Commence alors une enquête menée conjointement par la gendarmerie sur place et deux policiers venus de Paris complètement déboussolés par l’ambiance d’un autre temps qui règne dans la région.

 Mon avis :  Une fois de plus, Louise Mey écrit un roman où se mêle suspense et féminisme. J’ai suivi avec plaisir cette enquête dans cette atmosphère lourde même si son précédent roman  (« la deuxième femme ») reste mon préféré.

« Le jour du Chien », de Patrice Bauwen

Chris Kovak, médecin urgentiste, se trouve dans le métro lorsqu’une panne électrique se produit et stoppe la rame. Deux jeunes gens sèment alors le trouble en s’en prenant aux voyageurs. Chris Kovak tente alors de les calmer mais l’un des deux sort une arme et lui tire dessus avant de s’enfuir une fois le métro reparti.

La scène est passée en direct sur internet et sur cette vidéo Chris Kovak et son beau-frère croient reconnaître leur sœur et épouse tuée quelques années plus tôt par un fou emprisonné en hôpital psychiatrique depuis. Commence alors une enquête haletante.

Mon avis : thriller découvert grâce au club de lecture, j’ai adoré ! L’enquête est pleine de rebondissement jusqu’à la fin. Un très bon thriller.

« Sans preuve et sans aveu », de Philippe Jaenada

 L’auteur reprend une enquête où un homme a été accusé de l’assassinat de sa tante en 2004 et croupit actuellement en prison.

Avec la minutie qui le caractérise, il décortique le dossier point par point et arrive à semer sérieusement le doute dans notre esprit.

Mon avis : Friande des enquêtes reprises par l’auteur (« La serpe », « La petite femelle »), j’ai, une fois de plus, été conquise par ce nouveau livre. Truffé d’humour malgré la gravité du sujet, j’ai retrouvé avec plaisir « la patte Jaenada ».