Le club des lecteurs vous propose ses avis de lectures de décembre 2024.
Annie
" Le goût du bonheur ", de Marie Laberge
" Les âmes féroces ", de Marie Vingtras
Il s'agit d'une enquête menée à mercy, petite ville du nord des Etats-Unis en zone rurale. Léa, 17 ans, y a été retrouvée assassinée et il faudra un an avant de découvrir le meurtrier. L'autrice va utiliser ce fait pour dépeindre la vie et les relations sociales au sein de la ville et nous amener au coupable. Le roman est divisé en 4 parties représentant les 4 saisons qui se complètent comme une sorte de mosaïque. chacun des 4 personnages principaux donne son point de vue sur Léa et son environnement pour finalement nous mener à la résolution de l'enquête. C'est surtout un roman psychologique, assez fouillé mais les personnages sont trop stéréotypés et l'enquête s'en trouve diluée. J'ai trouvé que la fin surtout était décevante.
" Houris ", de Kamel Daoud
Le roman se déroule en algérie et évoque les années de plomb sur la guerre civile dans les années 90 qui a fait de très nombreuses victimes et dont il est officiellement interdit de parler depuis 2005. Aube, 26 ans, est l'héroïne du livre et le parcours qu'elle raconte nous éclaire sur les faits historiques et sociaux de l'algérie de nos jours et dans ces années sombres. Elle est enceinte et ne compte pas garder l'enfant qu'elle imagine être une petite fille. mais avant elle veut expliquer et montrer à « cet enfant » sa vie , ses traumatismes et pourquoi elle doit s'en séparer. Il faut dire qu'Aube ne peut plus parler depuis l'âge de 5 ans suite à l'égorgement dont elle a été victime dans son village. elle est la seule survivante de ce carnage et a été sauvée par une avocate qu'elle considère comme sa 2ème mère. Sa terrible cicatrice rappelle à ceux qui la croisent les crimes restés impunis et secoue les consciences du peuple.
J'ai aimé la première partie du roman qui présente le personnage et son entourage. ce tête à tête d'Aube et de son enfant, rendu palpable par sa « voix intérieure » (la seule qui lui permet de s'exprimer vraiment) est touchant et original à la fois. On cerne bien sa vie actuelle, le contexte social et politique et on a une certaine empathie pour ce personnage.
La 2ème partie en revanche m'a semblé plus difficile à aborder. Aube décide de retourner dans son village natal où tout est arrivé, de remonter le temps en quelque sorte pour faire « découvrir » à son enfant l'origine de son mal. L'auteur fait de nombreux retours en arrière, des digressions, des monologues fréquents où se mêlent l'histoire et la symbolique qui ont rendu cette lecture plus difficile. Je me suis beaucoup moins attachée à ce personnage.
Ce roman reste malgré tout de qualité.
Déclaré officiellement mort à la bataille d’Eylau (8 février 1807), le colonel Chabert, enfant trouvé devenu héros des guerres napoléoniennes, resurgit, une douzaine d’années plus tard, miraculeusement vivant. Ou plutôt survivant et désormais exclu, dans une France de la Restauration qui veut littéralement effacer toute trace de l’Empire. Quant à son épouse, « veuve » remariée à l’ambitieux comte Ferraud dont elle a eu deux enfants et qui a profité de l’immense fortune de ce premier époux mort mais bien vivant, qu’est-elle prête à transiger face à ce revenant ?
Dans ce nouveau monde de l’argent et du droit, où l’être n’est plus rien face à l’avoir, Chabert incarne l’envers sordide et tragique de La Comédie humaine… bien inhumaine, en réalité.
Effectivement le plus sordide de l’âme humaine. Alors que Madame Ferraud, veuve Chabert a fort bien reconnu son premier mari, elle est prête à tous les subterfuges pour ne pas le reconnaitre et le laisser vivre dans la misère. Noirceur au plus haut point. Cette histoire est racontée par l’avoué qui est le témoin des transactions. Livre très court, on ne s’ennuie pas. Un bon moment.
" Le Cosmonaute ", de Philippe Jaenada
Quand Hector a rencontré Pimprenelle, elle était « la femme la plus légère de la création, une fille irrésistible et seule ». Célibataire endurci, dragueur compulsif, pilier de comptoir, piéton de Paris aux activités souvent floues, tantôt détective, tantôt pigiste travaillant la nuit pour la presse « people », Hector accepte de changer de vie par amour. Comme dans un conte moderne, ils emménagent ensemble, ils ne cessent plus de faire l'amour, ils ont un enfant, Oscar. Mais c'est une autre femme, une Pimprenelle maniaque jusqu'à l'obsession, une psychopathe du rangement et de l'autorité qu'Hector retrouve, telle une Gorgone, en face de lui. « C'est risible à dire, j'ai honte de sombrer là-dedans, mais elle m'a trahi ». Au-delà de la querelle de couple, de l'affrontement sur le ring du quotidien, ce qui retient le lecteur, dans le roman le plus maîtrisé de Philippe Jaenada, c'est ce comique désespéré, cet humour sombre, nerveux, fantasque, tout en digressions, en incises. On assistera à un accouchement « en direct » où le père dépassé, prend l'apparence de Hugh Grant ; à la course d'un cheval aveugle qui galope pour trouver une mort certaine ; à la déchéance d'un homme, qui fut libre autrefois, et n'a plus pour compagnie que les conversations des anonymes, des bouts de phrases, des solitudes qui se mêlent à la sienne. Il lui reste la fuite, « comme un cosmonaute, avec l'espace infini autour »...
Hector est le narrateur. Pratiquement pas de dialogue et régulièrement des parenthèses. Style très vivant, j’ai eu l’impression d’une discussion, qu’Hector me racontait son histoire. Hector et Oscar sont entrainés dans un engrenage mortifère et j’ai été entrainée à mon tour. Pimprenelle hystérique souffre et fait vivre un enfer à Hector et Oscar. Comment vont-ils s’en sortir ?
Premier roman que je lis de Philippe Jaenada. Une très bonne surprise, qui ne restera pas sans suite.
" Vox ", de Christina Dalcher
Cent mots par jour. Depuis l'avènement au pouvoir d'un Parti fondamentaliste, les femmes sont soumises à ce quota absurde. Un mot de plus, un seul, et le bracelet-compteur qu'elles portent au poignet envoie une décharge électrique. Aussi, lorsque Jean McClellan se voit proposer de venir en aide au frère du Président, victime d'une aphasie, l'ex-docteur en neurosciences n'hésite-t-elle pas longtemps. La récompense ? La possibilité de s'affranchir – et sa fille avec elle – de son quota de mots. Mais ce qu'elle va découvrir, ...
Je ne vous le dirais pas... Un monde glaçant, aux mains de quelques hommes fanatiques. Jean, mère de 4 enfants, voit son fils ainé, adolescent, se radicaliser. La surveillance est constante, même dans son propre foyer. Quand on voit le sort des femmes afghanes, c’est à se demander si ce livre est complètement de l’anticipation. Un bon livre qui m’a tenue en haleine, bien que la fin me paraisse un peu rocambolesque et décevante.
« Nos mères », d'Antoine Wauters
J’avais déjà parlé de cet auteur lors de la présentation de son livre « Mahmoud ou la montée des eaux » qui avait eu le prix Livre Inter. L’auteur raconte l’ histoire de plusieurs enfants ( alors qu’il n’y en a qu’un ), qui s’adressent à leurs mères alors qu’en réalité il n’y en a qu’une. Pour tromper l’ennui dans un pays oriental en guerre, l’enfant, enfermé dans un grenier, s’invente des copains pour échanger et pour conjurer l’angoisse. La mère très inquiète fait tout pour le protéger ayant perdu son mari au combat. L’enfant raconte la vie d’avant avec leur jardin , les citronniers , oliviers, manguiers et les parties de pêche avec son père et son grand-père. Puis il apprend par sa mère qu’il va partir pour l’orphelinat Saint – Chœur et il va être accueilli en Europe chez Sophie et son mari, mais ils ne vivent pas ensemble. C’est une femme dépressive, angoissée qui n’a pas eu d’enfant mais voudrait être une mère pour lui mais ne se sent pas capable. Et l’enfant voudrait l’aider et recherche tendresse et affection. Il rencontre au club d’athletisme Alice et très vite ils sont amoureux, ça l’aide à oublier son passé douloureux .
Ce roman est d’une grande sensibilité, oscillant entre la tendresse et la cruauté, et ce désir d’enfant de vivre et oublier la guerre.
« L’impossible retour », d'Amélie Nothomb
Son voyage au Japon réveille sa nostalgie et mélancolie à l’époque de son enfance, pays si cher à son cœur où elle a vécu avec ses parents et son déchirement quand il a fallu le quitter. Elle fait allusion à « L’éternel retour de l’identique » selon Nietzche, dont elle n’arrive pas à se réjouir.
Ce n’est pas le meilleur livre pour moi de l’autrice, à part retrouver des coutumes et traditions que j’avais pu observer en visitant ce pays.
« Chéri », de Colette
Retrace la liaison de Léa, la cinquantaine, avec Fred appelé Chéri, jeune de 19 ans au début de leur relation qui va durer 6 ans et qui se termine par le mariage de celui-ci. Description par Colette de ce milieu semi-mondain avec ironie et des tourments de Léa qui voit les ravages du temps et qui analyse avec douleur la fin de cette liaison et la perte de cet amour.
Belle écriture subtile de l’âme féminine et du renoncement de Léa à vivre une autre passion.
Catherine & Olivier