Le club des lecteurs vous propose ses coups de coeur du mois de septembre.
Frère d'âme de David Diop a obtenu le prix Goncourt des lycéens en 2020.
Débutant par l’aventure d’un Africain dans les tranchées de 14, ce livre est à la fois haletant et ….déroutant.
La première partie dans les tranchées décrit d’une façon haletante le comportement sauvage de ce jeune Africain plongé dans la barbarie de la Grande Guerre. Mais l’ouvrage fait ensuite un retour en arrière déroutant sur la vie du jeune homme dans son village natal, empreint de traditions et baigné par les esprits.
L’écriture, pleine de répétitions comme dans une mélopée, est prenante et donne envie à Jean-François de lire son prochain ouvrage annoncé pour la Rentrée littéraire 2021.
Dans Poussière dans le vent, le grand écrivain cubain Leonardo Padura s’empare du thème de l’exil, à travers une galerie de personnages qui ont formé une bande d’amis très unis à La Havane, avant que « Le Clan » n’éclate au gré des trajectoires de chacun... notamment la mystérieuse Elisa, dont chacun cherche à percer le passé trouble…
Un très beau [et long...*] roman selon Jean-François où l’énergie de se reconstruire ailleurs n’efface pas la nostalgie de la mère-patrie.
[*620 p ! ]
Javier Cercas, célèbre pour ses romans sur la guerre d’Espagne prend cette fois l’option du roman policier pour dresser le portrait d’un flic solitaire nommé dans une région agricole aride entre Barcelone et Madrid, la Terra Alta. Mais les séquelles de la guerre civile imprègnent ce roman noir. Jean-François a aimé ce roman fort, bien écrit, au dénouement imprévisible.
L'Hôtel de verre, d'Emily Saint John Mandel, est une construction luxueuse, tout en bois et en verre, isolée sur une île et entourée de forêts.
Sur l'une de ses parois, une inscription étrange apparaît : "Et si vous avaliez du verre brisé ? ". A qui s'adresse-t-elle, qui en est l'auteur?
On le découvre certes, mais le livre est surtout l'histoire d'une énorme supercherie sur les placements financiers. Même si les réactions des responsables et de ceux qui ont été floués quand elle est découverte et les multiples retours en arrière et même présages dans l'avenir peuvent intéresser, Maryse a été déçue par le roman car elle a eu du mal à se passionner pour les péripéties et les personnages.
Maryse a aimé Neuf contes de Margaret Atwood ( à emprunter par ReVOdoc). Ce recueil a pour thème la vieillesse. Des contes se réfèrent à l'imaginaire et à l'improbable ; cependant le point de départ est réaliste : une banlieue tranquille, une croisière, une maison de retraite, mais peu à peu les nouvelles glissent vers la fantaisie, voire l'horreur.
Les trois premières forment un ensemble, ce qui permet d'avoir des points de vue différents.
Une veuve, célèbre auteur de romans fantastiques, converse avec son défunt mari et suit ses conseils... et se perd dans le monde virtuel qu'elle a créé. Dans sa jeunesse, elle a été la muse d'un poète connu qui l'a abandonnée. Ensuite ce poète, devenu âgé, use avec beaucoup d'indélicatesse son énième compagne. Enfin, son enterrement est propice à une réunion de ses" veuves".
Car l'auteur met en scène les travers de chacun et .. les rancunes, les remords et les regrets bien enfouis... les femmes vieillissent... mais n'oublient jamais, comme celle qui se venge très longtemps après de son violeur en l'écrasant sous un stromatolithe vieux de deux millions d'années en Arctique.
Le dernier conte, plus terrifiant, présente une femme âgée victime d'hallucinations qui s'échappe d'une maison de retraite qu'une foule de militants anti troisième âge est en train de brûler : une vision d'un avenir proche?
Bref, avec beaucoup de lucidité, d'inventivité et une bonne dose d'humour noir, Margaret Atwood donne un ton réjouissant à ces " contes défaits ".
Dans La beauté du ciel, Sarah Biasini confie à sa fille enfant le souvenir de sa mère Romy Schneider, la douleur de son absence. Stéphanie a eu le sentiment d'être plongée à l'intérieur du récit, de vivre les choses avec l'auteur : les joies et les angoisses de la maternité, la rage des paparrazzi, la destruction progressive de cette si célèbre maman partie lorsqu'elle n'avait que quatre ans. C'est un récit beau et émouvant.
Deux bandes dessinées ont retenu l'attention de Stéphanie ce mois-ci :
Claudine à l'école dessinée par Lucie Durbiano est une bonne adaptation du classique de Colette.
Stéphanie a également apprécié Blanc autour de Wilfrid Lupano, relatant la création d'une école pour jeunes filles noires dans l'Amérique raciste du 19ème siècle.
Stéphanie s'est laissée emporter par Les heures furieuses, récit de l'enquête menée par Casey Cep autour d"un manuscrit perdu de Harper Lee, auteure du célèbre "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur". Passionnante chronique du Sud des Etats-Unis gangréné par un racisme endémique.
C'est arrivé la nuit de Marc Lévy, déjà présenté lors d'une précédente rencontre, a intéressé Stéphanie, malgré un début de lecture laborieux, Stéphanie lira les prochains tomes de la trilogie.
A Moscou, un tueur en série sévit. Il étrangle ses victimes et laisse à leurs côtés une esquisse d'une oeuvre d'Ingres. Qu'est-ce qui rapproche ces victimes somme toutes ordinaires et le peintre français? Cette enquête menée tambour battant par deux inspecteurs à travers les musées a plu à Stéphanie. Les disparues du tableau de Daria Desombre est une réussite.
Autre polar, autre réussite : Noyade de J.P. Smith. A 8 ans, Joey passe son été en camp de vacances au bord d'un lac. Malgré sa peur panique de l'eau, Alex, l'animateur est bien décidé à ce qu'il sache nager en fin de séjour. La dernière nuit, il laisse Joey, seul, sur un radeau au milieu du lac avec pour mission de rentrer seul à la nage jusqu'au campement. Joey ne sera jamais retrouvé...Vingt ans plus tard, Alex est devenu un agent immobilier prospère. Jusqu'au jour où des phénomènes aussi étranges qu'inquiétants ne se produisent dans sa vie. Joey serait-il revenu se venger?
Stéphanie a également apprécié sa lecture de Nature morte, première enquête de Armand Gamache, personnage récurrent et éminemment sympathique de Louise Penny. Au delà de l'enquête, passionnante, Stéphanie s'est attachée à l'atmosphère chaleureuse qui se dégage de ce roman.
Mirentxu a également apprécié les deux polars de Louise Penny lus ce mois-ci.
Un outrage mortel, déjà présenté au début de l'été est effectivement un bon polar, chaleureux et humain.
Un meurtre a été commis dans un monastère reculé du Quebec. Le chef de choeur de la communauté ayant fait voeu de silence est retrouvé assassiné dans le jardin privatif du prieur. Un beau mystère est un roman passionnant et instructif.
Tout comme Stéphanie le mois dernier, Mirentxu a été touchée par Combats et métamorphoses d'une femme de Edouard Louis déjà présenté lors d'un précédent club des lecteurs. Ce récit est un hommage de l'auteur à sa mère qu'il retrouve (découvre?) alors que celle-ci s'émancipe d'une vie de violence et de misère.
Autre belle découverte : Ce n'était que la peste de Ludmila Oulitskaïa.
Moscou, 1939. Rudolf Mayer est un scientifique spécialiste de la peste. Alors qu'il manipule ses éprouvettes, il est contaminé et répand la peste dans le train qu'il emprunte pour rendre compte de ses avancées scientifiques devant une commission du régime soviétique. La police soviétique, rapidement en alerte et efficace, s'emploie à rattraper toute personne qui aurait pu être contaminée. La peur du régime et ses purges terrifie peut-être plus que la maladie et fera tout autant de victimes. Ce récit ironique et haletant est pensé comme un scenario.
L'anomalie de Hervé Le Tellier, qui a obtenu le prix Goncourt en 2020, a désorienté Françoise.
Alors que la première partie du roman présente plusieurs passagers d'un même vol Paris/New York, la deuxième partie du roman oscille entre thriller et roman fantastique avec un dénouement mystérieux. La notion du temps est distendue, les personnages revivent la même scène. Déroutant.
Coup de coeur de Françoise pour l'original Un soir de décembre de Delphine de Vigan.
A la quarantaine bien tassée, un écrivain publie son premier roman. Il a un succès fulgurant et reçoit de nombreuses lettres d'admirateurs. Parmi elles, celle de Sarah, une ancienne passion. Il en est bouleversé et se coupe de sa famille, il s'isole peu à peu pour vivre dans une fulgurance de l'écriture et de la passion.
Autre coup de coeur de Françoise : Fantaisie allemande de Philippe Claudel. L'auteur, entre fascination et répulsion pour l'Allemagne, y offre une série de nouvelles sur la période particulièrement trouble de l'après seconde guerre mondiale. Les thèmes sont tragiques, le fond empreint de tristesse, l'écriture belle.
L'écriture juste et ciselée de Jean-Claude Grumberg a séduit Françoise. La plus précieuse des marchandises est cet enfant, jeté du train qui emporte ses parents vers la mort, et qui est recueilli et aimé par un couple de bûcherons en mal d'enfant. Emouvant et bouleversant.
Sous le troisième Reich, deux enfants se lient d'amitié : l'un est surdoué, l'autre est considéré comme attardé. Tous deux sont sélectionnés pour participer aux essais de nouvelles "douches". L'enfant surdoué veut rejoindre sa mère assassinée par les nazis et échange sa place avec l'autre enfant. Une infirmière prend le petit survivant sous son aile et l'instruit, une admiration mutuelle s'instaure. Lui, petit garçon vacher, déclaré attardé, sera envoyé aux Etats-Unis et travaillera avec les plus grands scientifiques grâce à cette femme qui l'instruit dont il retrouve la trace au moment où elle est accusée d'être la pire espèce de criminelle. La femme de nos vies de Didier Van Cauwelaert est une très belle histoire d'amour et d'amitié pour laquelle Olivier a eu un coup de coeur.
Coup de coeur d'Olivier également pour Les dieux du tango de Carolina de Robertis (à emprunter par ReVOdoc). Ce roman retrace l'histoire du tango argentin à travers le destin d'une violoniste pugnace fiancée à son cousin parti pour l'Argentine. Quand elle y arrive à son tour, son mari épousé par procuration est décédé. Elle se retrouve sans ressources et doit gagner sa vie. En tant qu'immigrée, elle ne peut se mêler aux autochtones . Elle se travestit en homme pour pouvoir vivre de sa musique puisque seuls les hommes (et les prostituées..;) jouent d'un instrument et dansent. Elle intègre un orchestre et rencontre le succès. Ce roman bien écrit est sensible et sensuel.
Alors qu'elle veille son père défunt au Pays de Galles, le regard de Seren est attiré par une cuillère en argent posée sur la table de nuit. Elle décide de trouver l'origine de cette cuillère inconnue. Son père avait été parachuté en france pendant la seconde guerre mondiale et sa quête la mènera en Bourgogne. La cuillère de Dany Héricourt (à emprunter par ReVOdoc) est original et bien mené et a beaucoup plu à Catherine.
Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla de Jean-Christophe Rufin relate la folle histoire d'amour de deux jeunes gens. Dans les années soixante-dix, trois étudiants partent découvrir le communisme. Leur venue fait le tout d'un petit village de Géorgie et une jeune femme qui souhaite échapper à sa condition, s'installe, nue dans un arbre pour se faire remarquer. L'un des jeunes la fait descendre et c'est le coup de foudre. C'est le début d'une vie mouvementée de passions et d'aventures. Catherine a aimé l'épaisseur et le parcours des personnages.
Le roi n'avait pas ri de Guillaume Meurice (à emprunter par ReVOdoc) relate l'ascension et la chute de Triboulet, bouffon de Louis XII et François Ier. Rejeté par ses parents car difforme, il attire l'oeil du roi à la suite d'une action d'éclat. Il en devient le conseiller et le confident. Il compte pourtant nombre d'ennemis à la cour où il moque tout et tout le monde. Mais toute vérité n'est pas bonne à dire, surtout quant il s'agit des maîtresses de son souverain...Catherine a trouvé ce récit original et enlevé très amusant.
Histoire du fils de Marie-Hélène Lafon, déjà présenté lors d'un précédent club de lecture a séduit Annie par la qualité de l'écriture même si le récit, non linéaire, est quelque peu déstabilisant.
Annie a été déçue par La vengeance m'appartient, dernier roman de Marie Ndiaye, qui n'a décidément pas fait l'unanimité au sein de notre club de lecteurs. Les personnages sont inintéressants voire horripilants, en tous cas manquent de crédibilité.
L'enfant invisible de Cornelia Read est une histoire touchante, à mi-chemin entre roman social et roman policier, déjà présenté. Annie a parfois été heurtée par le vocabulaire qui se met au diapason de cette histoire, rude et crue, bien menée jusqu'au bout.
Tenir jusqu'à l'aube de Carole Fives est un roman très attachant de la vie d'une maman célibataire d'aujourd'hui qui se débat entre son amour pour son enfant et son besoin de liberté qui a beaucoup plu à Annie.
Edouard Louis continue son roman familial en s'attardant cette fois-ci avec Qui a tué mon père. L'auteur tente d'y disséquer l'injustice de classe qui a amené son père à être un homme cassé par la vie.
Très belle découverte pour Annie que De sable et de neige de la talentueuse et sensible Chantal Thomas. Ce roman où se mêle son histoire personnelle, ses souvenirs de vacances est comme un hommage à son père décédé lorsqu'elle avait 17 ans et un rappel de l'importance et du bonheur qu'il y a à goûter l'instant présent. Véritable coup de coeur.
Les filles du choeur, premier tome de Le soleil suivant d'Eric Marchal se déroule à Venise au début du 18ème siècle. Deux personnages principaux se détachent dans cette histoire qui sont : Sarah Koppio, jeune femme juive vivant dans le ghetto dont le père médecin chirurgien, lui a transmis un savoir faire médical et un secret. Arlan de Cornelli, chirurgien également et de renom (ref: Le soleil sous la soie)qui va partager ce secret avec Sarah. Maria Dalla Viola, musicienne à l'école de musique de LA PIETA jouera un rôle intermédiaire dans le roman .
Le fameux secret n'est autre qu'un code indiquant l'emplacement du Codex Quanum, traité arabe du 12ème siècle qui pourrait totalement bousculer l'histoire de la médecine encore aux mains de médecins opposés au changement. Sarah et Arlan veulent résoudre ce mystère au plus vite car l'Inquisition et les espions d'une organisation occulte sont aussi à la recherche de cet emplacement du CODEX, mais pour des raisons beaucoup moins progressites. S'en suivent des manigances politiques et des complots qui donnent le rythme à l'histoire.
Outre la médecine, les arts (peinture ,sculpture et musique) sont largement représentés dans les divers lieux de la ville. Christine a trouvé ce roman intéressant et même captivant au début mais l'histoire piétine par moments et l'intrigue se noie dans des complications inutiles où interviennent trop de personnages et de lieux à Venise. On se perd progressivement dans les dédales de la ville et de sa vie politique . C'est cependant un roman historique de qualité .
Christine a également lu Belle Greene d'Alexandra Lapierre avec beaucoup d'intérêt. C'est un livre passionnant qui a déjà été présenté au club des lecteurs. La vie de cette femme presque hors norme, directrice de bibliothèque new-yorkaise prestigieuse, son ascension et toute sa psychologie font de ce roman biographique un livre à ne pas manquer.