Le club des lecteurs vous propose ses avis de lectures du mois de novembre.
Christine a aimé cette fresque historique menée tambour battant par Mario Vargas Llosa.
Guatemala,1954. Jacobo Arbenz, président démocratiquement élu, a pour projet de taxer l'United Fruit, compagnie installée sur des terres guatemaltèques, et de créer des programmes sociaux avec l'argent ainsi dégagé. Le programme déplaît fortement aux Etats-Unis et la CIA organise un coup d'état avec l'aide des présidents du Salvador et de la République dominicaine. Arbenz est renversé. Mario Vargas Llosa dépeint avec talent l'âme humaine dans ses plus bas aspects. "Temps sauvages" est un beau tour de force littéraire, bien écrit et très intéressant.
"Premier sang" de Amélie Nothomb, présenté le mois dernier, a charmé Françoise. L'auteur y raconte l'enfance et la jeunesse de son père. Un bel hommage.
Françoise a été déroutée par le tour fantastique que prend, au fil du récit, "De l'autre côté du lac" de notre collègue Xavier Lapeyroux. Hermann vit dans une villa surplombant le lac, entouré de sa femme et de sa fille. Ce début d'été est marqué par la disparition de jeunes et l'apparition étrange d'une villa, similaire à celle d'Hermann, de l'autre côté du lac. Hermann est inquiet et fera tout ce qui est en son pouvoir pour sauvegarder sa famille. Le roman est bien écrit et ponctué de références musicales et cinématographiques.
Le très beau et très poétique "De sable et de neige" de Chantal Thomas, déjà présenté au club des lecteurs, a séduit Françoise. Beaucoup de sensibilité et de tendresse dans ce récit relatant les souvenirs de l'auteur.
Françoise a lu à son tour "Les dieux du Tango"de Carolina de Robertis (à emprunter par ReVOdoc). L'ambiance de l'Argentine est bien dépeinte, l'histoire est intéressante, les débuts du Tango bien documentée et pourtant l'ensemble a légérement déçu Françoise qui n'a pas réussi à trouver d'intérêt à l'histoire des personnages, trop longue.
Marie-Hélène Lafon livre avec "L'histoire du fils" (déjà présenté au club des lecteurs), qui a obtenu le prix Renaudot en 2020, une histoire sensible servie par une écriture ciselée. La famille, la quête de soi et l'attachement à une terre sont au coeur de ce roman au charme inféfinissable.
Brigitte a aimé "Les étoiles les plus filantes" de Estelle-Sarah Bulle.
En juin 1958, une équipe de tournage française débarque à Rio de Janeiro. Dans les quartiers pauvres se répand la nouvelle du casting : on recherche de jeunes comédiens amateurs noirs. Deux agents de la CIA vont tenter d'obtenir des renseignements sur tout ce petit monde moyennant l'argent qui manque cruellement pour tourner le film. Gipsy, comédienne du film qui découvre les favelas et les soirées mondaines, est en proie aux états d'âme, elle qui a quitté les Etats-Unis et ses problèmes raciaux. Dans ce roman très documenté, nous voyageons d'un univers à l'autre avec force mais légèreté. Le film, Orfeu Negro obtiendra la palme d'or à Cannes en 1959 (empruntable à la médiathèque).
Autre roman de notre collègue Xavier Lapeyroux lu, comme par hasard, ce mois-ci : "Les Oiseaux" . Milan est professeur de cinéma à la Femis, passionné d'Hitchcock. Paris est la proie d'attaques de corbeaux qui ont tué Suzanne, l'amour de Milan. Milan est convaincu qu'il peut intégrer le film pour changer le cours du temps et intervenir avant la mort de sa bien-aimée. Brigitte a aimé remonter ainsi la pellicule du chef-d'oeuvre d'Hitchcock "Les Oiseaux". Le roman est prenant et la fin particulièrement réussie.
Dans un coin reculé des Pays-Bas, la vie de la narratrice de dix ans est rythmée par les travaux des champs, l'observation de la nature et les moments en famille. Son frère aîné est victime d'un accident de patinage sur le lac voisin. Le monde de la famille s'écroule.
Les phrases sont brutes, les détails sont crus, l'ensemble crée un malaise chez le lecteur.
Annie a lu avec plaisir "Le dernier enfant"de Philippe Besson
Ce roman retrace les dernières heures que vit une mère avant que son benjamin ne quitte la maison familiale.
Il ne s'éloigne pourtant pas beaucoup, mais ne vivra plus le quotidien avec ses parents et cette maman se rend compte tout à coup du vide qui suivra ce départ.L'écriture est simple et précise comme d'habitude chez cet auteur. Elle dissèque les émotions, les sentiments et tous les petits gestes quotidiens de façon très profonde.
Annie a eu un coup de coeur pour "La gouvernante suédoise" de Marie Sizun, déjà présenté au club des lecteurs.Ce récit autobiographique commence par un mystère.
L'auteure, la narratrice enfant, va se questionner au sujet de son nom de famille.
C'est lors des visites au cimetière de Meudon sur la tombe familiale avec sa mère qu' elle va comprendre petit à petit qu'un secret existe au sein de sa famille, et qu'on ne peut pas répondre simplement à certaines de ses interrogations ...Très belle écriture pour ce roman intimiste qui parle de la vie d'une famille bourgeoise au 19ème siècle, son ascension sociale puis ses difficultés. Qui parle beaucoup d'amour et d'amitié. Histoire singulière, romanesque et très attachante.
Années 60, un petit garçon est retrouvé mort dans une forêt. Alors que l'enquête piétine, un corbeau nargue les policiers. Ces derniers réussissent à attraper et démasquer le corbeau qui est condamné. Cet homme a pourtant toujours clamé son innocence. L'auteur entremêle son présent et des réflexions sur son quotidien à son récit. Stéphanie a beaucoup aimé cette enquête dense, très creusée et l'humour distillé par l'auteur malgré quelques longueurs. Pour Annie, en revanche, le récit est rapidement devenu confus car coupé par beaucoup de longues parenthèses d'explications, qui lui ont fait perdre le fil de l'histoire.
Beaucoup d'émotions et de tendresse affleurent dans le magnifique "En attendant Bojangles" d'Olivier Bourdeaut, coup de coeur de Stéphanie ce mois-ci. Un petit garçon est le fruit de l'amour fou qui unit ses parents. Mais la douce folie qui anime sa mère s'intensifie et son père doit se résoudre à la faire interner. Mais il ne tient pas longtemps et le voilà qui la kidnappe...
Stéphanie recommande également "Soleil amer" de Lilia Hassaine, déjà présenté au club des lecteurs. Naja et ses trois filles quittent l'Algérie pour rejoindre leur mari et père dans un HLM de banlieue. Naja est de nouveau enceinte mais la famille n'a pas les moyens de garder l'enfant. Roman poignant sur l'immigration, la vie des quartiers et les secrets de famille.
Le coup de coeur de Chantal revient à "L'assassin de la rue Voltaire" troisième volet de la série de policiers historiques de Henri Loevenbruck. Après un premier volet consacré aux loges maçonniques, un second aux confréries violentes, ce dernier volet s'attache aux dessous de le Comédie Française au temps de la Révolution Française. Gabriel Joly part étudier à Londres et Bruxelles afin de reprendre l'imprimerie familiale. Lui, aimerait plutôt devenir journaliste d'investigation et prête main forte au commissaire. C'est vivant et très documenté.
Sur fond de réunification de l'Italie dans les années 1870, Luca di Fulvio offre avec "Mamma Roma" un roman passionnant. A l'instar de ses autres romans , l'auteur y fait évoluer trois personnages, personnages attachants aux prises avec leur destin et ballotés par la grande Histoire. L'immersion dans le milieu du cirque est saisissante de réalisme. C'est rythmé et plein de bons sentiments. Chantal a beaucoup aimé.
"La femme au manteau bleu" de Deon Meyer est un court roman policier. Afrique du Sud, une femme, experte en peinture de l'âge d'or hollandais, est retrouvé morte . Le corps de cette américaine a été javélisé. les enquêteurs vont tenter de découvrir ce qu'elle faisait dans ce coin reculé du pays.
Selon Maryse, l'atmosphère de "L'île du Docteur Faust" de Stéphanie Janicot , déjà présenté au club, est très plaisante. Tout est étrange, irréel et magique dans cette histoire du mythe de la jeunesse éternelle revisité. Bien écrit et intéressant.
Joyce Maynard a obtenu le Grand Prix de littérature américaine pour "Où vivaient les gens heureux". Après avoir été une enfant peu aimée, Eleanor, artiste à succès, veut être une mère aimante, socle de sa future famille. Elle acquiert une belle demeure dans un cadre idyllique du New Hampshire. Ce sera le nid pour la famille fusionnelle qu'elle formera avec Cam et ses trois enfants. Enfant virevoltant, adoré de ses soeurs, le petit dernier est un enfant très doué. Mais le drame survient, l'enfant se cogne la tête, tombe dans la mare et en garde des séquelles. La vie rêvée de Eleanor s'écroule. Ce roman écrit avec beaucoup d'émotion et de finesse a, malgré quelques longueurs, beaucoup plu à Maryse.
Maryse recommande chaudement "Artifices" de Claire Berest, roman original qui débute comme un roman policier. Abel est un bon policier dont les nuits sont hantées par les cauchemars. Taciturne, il ne se lie avec personne. Quand il est suspendu, son monde s'écroule. La raison de sa suspension n'est pas claire et sa collègue le pousse à enquêter. Parallèlement, un cheval blanc est retrouvé à la bibliothèque Beaubourg et quelqu'un cherche à attirer l'attention d'Abel en y déposant le journal avec l'article du mystère sur son paillasson. Claire Berest mêle habilement l'Art contemporain à l'histoire de ses personnages et se joue du lecteur. Très prenant.
Plusieurs coups de coeur pour Mirentxu ce mois-ci :
Dans un coin reculé de l'Alaska en plein milieu d'un blizzard, Bess refait ses lacets et lâche la main du jeune garçon dont elle avait la garde. Le petit disparaît. Une course contre la montre s'engage pour le retrouver sain et sauf. Pourquoi Bess est-elle sortie avec l'enfant par ce temps? Les différents protagonistes du roman vont se révéler au travers de chapitres brefs et incisifs. "Blizzard" de Marie Vingtras est un roman choral rythmé et très bien écrit. Un premier roman d'une grande maîtrise.
Yamen Manai signe avec "Bel Abîme" un court roman percutant. Un jeune adolescent est emprisonné, en attente de jugement. Car il a rencontré Bella, son seul refuge dans cette société tunisienne dysfonctionnelle à l'origine des Printemps arabes. Mais cet amour est incompris et méprisé. Quand le drame survient, l'adolescent, malmené par les carcans et l'hypocrisie ambiants se révolte. Une vraie réussite.
Mohamed Mbougar Sarr a reçu le prix Goncourt pour "La plus secrète mémoire des hommes" et c'est amplement mérité. Diégane Latyr Faye, apprenti auteur sénégalais installé en France découvre l'unique roman d'un mystérieux auteur, T.C Elimane, paru quelque cinquante ans plus tôt. Il décide de partir à la recherche de cet écrivain mystérieux. Composé de récits enchâssés, ce roman est palpitant. Sans qu'il n'y paraisse des réflexions sur la vie et la littérature, l'écriture de soi, les relations entre la France et l'Afrique sont abordées de manière exigeante. Tout simplement brillant.
Mirentxu a aimé "La fille qu'on appelle" de Tanguy Viel, déjà présenté au club des lecteurs, qui décrit avec subtilité les mécanismes de l'emprise.
"Les envolés" d'Etienne Kern est un roman délicat. Pourquoi Franz, modeste tailleur de Bohême tentera-t-il un saut depuis la tour Eiffel? Saut pour lequel il obtiendra la postérité, devenant le premier dont la mort fut filmée en direct. Qu'est-ce qui a fait basculer cet homme sensible, une fascination pour l'aviation naissante, un dépit amoureux, la folie?
Catherine et Olivier ont lu "Femme du ciel et des tempêtes" de Wilfried N'Sondé (à emprunter par ReVOdoc). La sépulture d'une reine à la peau noire, qui dormait sous le permafrost depuis plus de dix mille ans, vient de se révéler à un chaman de la tribu des Nénés, dans la péninsule du Yamal. Cette découverte va contrecarrer les projets de puissants financiers et industriels russes. Ce roman d'aventure comprend quelques invraisemblances.