Le club des lecteurs vous propose ses avis de lectures du mois de mars.
Chantal a été très déçue par "Sang trouble" de Robert Galbraith qu'elle attendait pourtant avec impatience. Ce cinquième volet met de nouveau en scène les detectives privés Cormoran Strike, vétéran blessé doté d'une prothèse et sa secrétaire Robin Ellacott, devenue son associée. Ils s'attachent à résoudre une affaire classée. Quarante ans plus tôt, une femme médecin a quitté son cabinet pour aller boire un verre dans un pub avec une de ses amies. Mais en chemin elle disparaît. Sa fille veut savoir ce qui lui est arrivé et engage nos détectives qui reprendront les deux enquêtes qui avaient été faites à l'époque. L'enquête est un peu longue mais Chantal reproche essentiellement les rapports entre Robin et Strike, qui, s'ils ressentent de l'attirance l'un envers l'autre ne sont pas prêts à s'engager et les atermoiements sont pénibles.
Coup de coeur de Chantal pour "Le carré des indigents" de Hugues Pagan, scénariste de la série Mafiosa. Claude Schneider est un inspecteur traumatisé par son expérience de la guerre d'Algérie. Lorsque le père de Betty vient lui signaler la disparition de sa fille de quinze ans, Schneider est ému par cet homme modeste. Le crime est tristement banal mais l'atmosphère du roman qui s'attache au milieu de la police des années 70 et à sa brutalité est bien rendue. Typique du roman noir américain. Passionnant.
Olivier a aimé "Les enfants sont rois" de Delphine de Vigan déjà présenté au club des lecteurs. Le roman traite de l'exposition médiatique précoce et constante de deux enfants dont la vie est mise en scène sur les réseaux sociaux. Tout est orchestré, scénarisé, monétisé. La vie des enfants est scrutée dans ses moindres détails. Et pourtant un jour, la petite Kimmy, six ans, disparaît. Glaçant et angoissant.
Olivier a lu "Aliocha" de Henri Troyat (à emprunter par ReVOdoc). Fils d'immigrés russes blancs vivant en France depuis ses cinq ans, Aliocha souhaite de toutes ses forces être considéré comme Français et il rejette la culture russe de ses parents. Il souffre de se sentir différent de ses camarades de classe du lycée Pasteur de Neuilly. Heureusement, Aliocha fait la connaissance de Thierry, élève brillant souffrant d'infirmité. Les deux garçons, rejetés par leurs camareades, noueront une amitié indéfectible. Très belle écriture au service d'une histoire émouvante.
Le coup de coeur d'Olivier ce mois-ci va à "Portrait Sepia" d'Isabel Allende (à emprunter par ReVOdoc). Saga familiale qui débute au XIXè siècle au Chili pour voyager jusqu'en Europe. Aurora, orpheline à cinq ans, est recueillie par sa riche grand-mère qui lui offrira une vie choyée mais ne lui révèlera jamais l'identité de ses parents. A la suite d'un mariage malheureux, Aurora décidera de découvrir d'où elle vient. Très beau roman, alternant passages poétiques et un peu plus crus.
Olivier a également lu "La voyageuse de nuit" de Laure Adler sur le sort des seniors. Laure Adler s'y interroge sur la vieillesse et ce que cela représente de vieillir. Pas inintéressant selon Olivier, quoique un peu long. Françoise en a regretté les trop nombreuses références culturelles distillées par l'auteur.
L'autrice nous entraîne dans l'histoire de son pays à travers une famille inspirée de la sienne, après un travail de recherches de documentation et de divers témoignages qui rendent le récit profond, intense et passionnant.
Annie a retrouvé avec plaisir les personnages du premier roman et attend avec impatience le troisième volet.
"La saga des Cazalet" de Elizabet Jane Howard est l'histoire d'une famille anglaise sur 3 générations (grands parents, parents et petits enfants) qui débute en 1937 dans l'entre deux guerres, juste avant la seconde guerre mondiale.
Avec la famille et ses domestiques, nous sommes transportés à cette époque de l'histoire, face aux conditions sociales déplorables des femmes, à l'hypocrisie et toute l'ambiguïté des relations humaines ...
Les narrateurs sont tour à tour les différents personnages ce qui nous permet d'avoir plusieurs points de vue en nous attachant à eux au fil du récit.
L'autrice nous entraîne au coeur de leur vie avec leurs faiblesses, leurs émotions, leurs préoccupations ...
On est happé par ce roman très charmant, chaleureux et profondément humain. Annie a déjà réservé le quatrième tome.
Maryse a beaucoup aimé "La fille parfaite" de Nathalie Azoulai. Le roman s'ouvre sur le suicide d'Adèle. Son amie Rachel va tenter de comprendre pourquoi Adèle a mis fin à ses jours. Rachel et Adèle entretenaient une amitié de trente ans. Toutes deux blondes, brillantes, l'une en lettres, l'autre en sciences, Elles se ressemblent beaucoup. Nathalie Azoulai livre avec beaucoup de finesse l'analyse psychologique de ses personnages. Le style est très vivant avec beaucoup d'humour.
Le très singulier "Ton absence n'est que ténèbres" de Jon Kalman Stefansson a retenu l'attention de Maryse.
Un homme amnésique se retrouve dans une église. Sur une stèle du cimetière, cette inscription "ton absence n'est que ténèbres". Une femme, fille de la défunte, propose à notre homme de le ramener chez sa soeur qui tient la seule auberge de cette région reculée des Fjords de l'Ouest. Il se rend compte que les gens le reconnaissent, qu'il a dû vivre avec ces femmes avant de disparaître. Elles vont lui conter la vie de ses aïeux. L'auteur nous propose à travers de multiples récits de vie enchâssés une réflexion philosophique sur la quête du bonheur de manière poétique. C'est touffu mais passionnant, envoutant même...
Stéphanie a lu quelques titres déjà présentés au club des lecteurs qu'elle a, à son tour, beaucoup aimé, il s'agit de :
"Voyage au bout de l'enfance" de Rachid Benzine
"Artifices" de Claire Berest
"Que sur toi se lamente le Tigre" de Emilienne Malfatto
Stéphanie a apprécié "La vie mensongère des adultes" dans lequel elle a retrouvé l'écriture fluide de Elena Ferrante dont Stéphanie avat tant aimé la série "L'amie prodigieuse". Giovanna est une enfant choyée par des parents professeurs, élevée dans un beau quartier de Naples. C'est une bonne élève et une enfant heureuse. Jusqu'au jour où elle surprend une phrase de son père qui la compare à une tante inconnue en des termes peu flatteurs. Giovanna n'a de cesse de rencontrer et connaître cette tante qui lui ouvrira les yeux sur sa famille et lui permettra de se construire une identité. Bon roman
Autre roman d'un auteur que Stéphanie apprécie tout particulièrement, lu ce mois-ci, "Après" de Stephen King.
Jamie vit seul avec sa mère. Il possède le don de voir et communiquer avec les morts. La nouvelle amie de sa mère, policière, assiste aux visions du garçon et demande de l'aide à Jamie pour empêcher des meurtres. Ce roman se dévore.
Karine Tuil fait l'unanimité, après Annie, c'est Stéphanie qui a adoré son roman "La décision". Alma est la juge antiterroriste qui doit se prononcer sur le sort d'un jeune homme suspecté d'être parti rejoindre les rangs de l'Etat islamique en Syrie. Passionnant.
Le coup de coeur de Stéphanie revient à "L'île aux arbres disparus" de Elif Shafak. Ada est une adolescente de seize ans qui vit à Londres avec son père veuf. Ada est chypriote et possède la double culture grecque et turque. Sa tante turque, soeur de sa mère, vient leur rendre visite et Ada va découvrir l'histoire de ses parents sur cette île déchirée par les conflits. Le figuier familial, emblème de ce déracinement, est devenu un personnage à part entière sous la plume poétique et profonde de Elif Shafak. Roman à l'atmosphère gourmande.
Françoise a lu et aimé trois romans déjà présentés lors de précédentes rencontres.
"La carte postale" de Anne Berest
"Le bal des folles" de Victoria Mas
"Fille" de Camille Laurens
Avec "Frère d'âme", David Diop avait obtenu le Goncourt des lycéens en 2018. Ce roman, très bien écrit mais très dur, relate la violence qui s'empare d'Alfa, tirailleur sénégalais quand s'écroule sous ses yeux son ami d'enfance. Mademba souffre et lui demande de l'achever. Commence alors pour Alfa une folie meurtrière dans les tranchées. Il est de toutes les attaques, de toutes les horreurs. Si bien, qu'il effraie ses camarades. A la fois poétique et percutant, ce roman a plu à Françoise.
Coup de coeur de Françoise, "Sublime Royaume" de Yaa Gyasi a pour personnage principal une jeune ghanéenne, chercheuse en neurobiologie aux Etats-Unis. Elle a une vie bien remplie par les études qu'elle voit bouleversée par l'arrivée de sa mère, malade. Cette dernière très croyante, ne voit pas d'un oeil bienveillant les études et le mode de vie de sa fille. Le choc des générations et la difficile intégration des populations venues d'Afrique aux Etats-Unis sont de véritables épreuves pour la brillante Gifty. Subtil et passionnant.
Florence a lu avec beaucoup de plaisir "Anéantir" dernier roman de Michel Houellebecq. Paul Raison est un bourgeois désabusé, proche conseiller et ami de Bruno Juge (sous les traits duquel, nous devinons Bruno Le Maire). Les élections présidentielles se profilent et le président sortant dont c'est le deuxième mandat ne peut concourir. Bruno Juge est le mieux placé pour se présenter et être élu. Les services de renseignements sont sur les dents car une cyberattaque de grande ampleur déferle sur le monde.
La vie personnelle de père de Paul Raison n'est pas épargnée : son mariage ne tient plus qu'à un fil et son père est victime d'un AVC et doit être placé en Ehpad. Occasion pour la famille qui s'était éloignée de se réunir. Magouilles electorales, coulisses de la politiques, sort des malades et des personnes âgées, réflexion sur la vie et la mort sont au coeur de ce dense roman.