Le club des lecteurs vous propose ses avis de lectures du mois de juin 2023.
Florence
"Vivre avec nos morts – Petit traité de consolation", de Delphine HORVILLEUR
Un rabbin est confronté chaque jour au mystère de la mort. Pour accompagner les mourants et réconforter les endeuillés, il tente de transmuer l’inéluctable, d’y trouver du sens : « Je me tiens aux côtés de femmes et d'hommes qui, aux moments charnières de leurs vies, ont besoin de récits », écrit Delphine Horvilleur. Ce livre de consolation tresse étroitement trois fils – le conte, l'exégèse et la confession : la narration d'une existence interrompue, la manière de donner une signification à cette mort à travers les textes...
Je ne suis pas de confession juive. Depuis longtemps j’avais envie de lire ce livre et hésité, car j’avais peur de le trouver ennuyeux.
Ce n’est pas du tout un livre triste. Delphine Horvilleur se dit Rabbin laïc. J’ai beaucoup aimé son ouverture d’esprit. Beaucoup de religieux auraient à apprendre de sa tolérance, de son empathie. Elle raconte des enterrements auxquels elle assistait, en tant que rabbin, pour accompagner les défunts et leur famille. Elle le fait avec la même sollicitude pour chacun, que ce soit pour l’enterrement de Sarah, seule avec son fils, ou pour Elsa, morte à Charlie Hebdo ou encore pour Marceline et Simone (Marceline Loridan-Ivensres et Simone Veil). Son livre est émaillé de légendes juives, d’histoires drôles juives.
Un vrai coup de cœur.
"Orgueil et préjugés", de Jane AUSTEN
Drôle et romanesque, le chef d'oeuvre de Jane Austen reste tout simplement incontournable.
Pour les Anglaises du XIXe siècle, hors du mariage, point de salut ! Romanesques en diable, les démêlés de la caustique Elizabeth Bennett et du vaniteux M. Darcy n'ont pas pris une ride ! Mais, il faut parfois savoir renoncer à son orgueil. Et accepter la tombée des masques pour voir clair dans la nuit. Un classique universel, drôle et émouvant.
C’est l’histoire des cinq sœurs Bennett, qui n’ont pas de frère. La famille vit dans l’aisance et a, à sa disposition, des domestiques. Mais, au décès du père, la fortune reviendra en héritage à un lointain cousin, plongeant les sœurs dans la misère. La seule façon de s’en sortir pour elles est de trouver un mariage avantageux. J’ai été rapidement prise par le roman. Arriveront-elles à avoir un beau parti et un mariage d’amour ? Elles ne sont pas prêtes à tout, comme épouser M. Collins, ce cousin lointain, bien fade au comportement obséquieux, vis à vis de Lady Catherine sa bienfaitrice.
Au-delà du roman « fleur bleue », c’est une critique de la société anglaise du 18ème siècle, y abordant la place de la femme et des conventions dans lesquelles hommes et femmes sont enfermées. Les pratiques du 21ème siècle n’ont rien à envier dans certains pays, à celles de l’Angleterre de cette époque.
Un coup de cœur.
"Fille", de Camille LAURENS
J’ai eu envie de lire ce livre à la suite de la présentation du mois dernier. Pour faire un parallèle avec "Orgueil et Préjugés" : comme quoi, tout n’est pas encore réglé, même en France, aujourd’hui.
C’est un livre très agréable à lire, on ne s’ennuie pas.
Je partage à 100% le coup de cœur.
"Les nuits de Reykjavik", de Arnaldur INDRIDASON
Le corps du sans-abri flottait près du pipeline où il avait trouvé refuge. Triste fin pour un alcoolique ? Affaire bouclée ou presque… Un jeune policier, intuitif et obstiné, juge la thèse de l’accident douteuse. Dans la nuit boréale, entre foyers de clochards et planques de dealers, il sillonne Reykjavik, déterminé à résoudre ce mystère. Ce policier n’est autre qu’Erlendur.
Dans ce roman, Erlendur est tout jeune policier, il fait des patrouilles de nuit et mène son enquête en parallèle de son travail, sans aucune habilitation.
C’est lent … J’ai malgré tout réussi à le finir. Télérama dit que c’est l’un de ses meilleurs romans, je ne partage pas cet avis. J’ai beaucoup plus aimé les précédents.
"En attendant le soleil", de Hitonari TSUJI
Le roman se déroule dans le milieu cinématographique japonais au début du 21ème siècle.
Le réalisateur du film, Inoue, 80 ans, n'en finit plus d'attendre le soleil pour que l'éclairage de son film soit celui qu'il a connu lors de la prise de Nankin, en Chine, par les japonais. Il était alors assistant metteur en scène. C'est son dernier film qui va déclencher chez lui de nombreux souvenirs, entre autres, son histoire d'amour brisée avec une chinoise prénommée Fei-Fan. On entre ainsi dans le monde du cinéma et de ses différents corps de métier. Plusieurs personnages interviennent dans ce roman, construit un peu comme un polar, qui naviguent entre passé et présent. Le roman couvre les périodes de la Seconde Guerre mondiale, Iroshima et le début du 21ème siècle, ce qui rend ce livre intéressant. L'auteur a créé un parallèle entre l'histoire du réalisateur et celle actuelle de certains de ses assistants, le tout entremêlé de faits historiques. Il y a de la poésie dans ce roman, de la philosophie sur l'existence, mais la dernière partie du livre tire en longueur et nuit à l'ensemble .
"La petite boutique aux poisons", de Sarah PENNER
Le roman nous emmène à la fin du 18ème siècle en Angleterre ainsi qu'au 21ème à Londres.
Caroline Parcewell, jeune femme américaine, séjourne à Londres sans son mari qu'elle vient de quitter. Lors d'une promenade le long de la Tamise elle découvre un petit flacon en verre qui va nous ramener à Londres en 1791. Il va être question d'une apothicaire qui, suite à une histoire personnelle malheureuse, s'est transformée en faiseuse de poisons pour aider les femmes à éliminer les hommes qui leur nuisent, les briment etc... On y découvre cette minuscule boutique pleine de… ressources pour les femmes . En parallèle, l'histoire de Caroline s'écrit un peu dans la même veine car le bilan de sa vie de femme mariée n'est pas satisfaisant et cette énigme du flacon sera pour elle le tremplin vers une nouvelle vie de femme libérée assumant ses choix.
Ce roman est agréable à lire même si l'histoire de Caroline est plutôt prévisible.
Catherine et Olivier
Stéphanie
"Askja", de Ian Manook
Dans le désert de cendre de l’Askja, en Islande, le corps d’une jeune femme assassinée reste introuvable. Près de Reykjavik, des traces de sang et une bouteille de vodka brisée sont retrouvées mais là encore, aucun cadavre.
Deux hommes sont suspectés, mais ils ne se rappellent de rien ni l’un, ni l’autre…
Ceci ramène l’inspecteur Kornelius Jakobson à une affaire similaire qui a secoué l’Islande dans les années 70.
Mon avis : C’est avec plaisir que j’ai retrouvé l’auteur Ian Manook avec un de ses polars sombre mais non dénué d’un humour que j’apprécie. L’enquête est prenante et originale.
"Les morts d'avril", de Alan Parks
Une bombe artisanale explose dans un appartement sordide, tuant celui qui la manipulait. La scène n’est pas belle à voir et l’inspecteur McCoy est appelé pour enquêter. Dans un même temps, un jeune marin américain disparaît de sa base navale. Son père fait appel à l’inspecteur pour l’aider à retrouver son fils.
Mon avis : Toujours aussi fan de l’inspecteur McCoy et de son entourage, je l’ai retrouvé avec plaisir dans ce 4ème opus évoluant toujours à Glasgow. J’espère que l’auteur a en prévision un 5ème opus se déroulant au mois de mai 😉
"Loin" , de Alexis Michalik
Quelques mots griffonnés au dos d’une carte postale : « Je pense à vous, je vous aime ». Ils sont de Charles, le père d’Antoine et d’Anna, parti vingt ans plus tôt sans laisser d’adresse. Avec son meilleur ami Laurent et sa sœur, Antoine part sur les traces de ce père fantôme.
De l’ex-Allemagne de l’Est à la Turquie d’Atarük, de la Géorgie de Staline à l’Autriche nazie, de rebondissements en coups de théâtre, les voici partis pour un road movie généalogique et chaotique à la recherche de leurs origines insoupçonnées.
Mon avis : J’ai beaucoup aimé suivre l’aventure généalogique des héros. De plus, ce livre est riche en enseignements que ce soit en histoire ou en géopolitique. Les personnages sont attachants et j’ai aussi apprécié l’humour présent dans le livre. Je lirai d’autres livres de cet auteur !