Le club des lecteurs vous propose ses avis de lectures du mois de novembre 2023.
Christine
"Paradis", de Abdulrazak Gurnah (prix nobel de littérature en 2021)
L'histoire se déroule au début du 20ème siècle dans l'est de l'Afrique, dans la Tanzanie actuelle. On y découvre Yusuf âgé de 12 ans qui vient de quitter le foyer familial pour suivre « son oncle Aziz » qui l'emmène bien loin de chez lui. L'enfant est plutôt heureux de l'aventure qui s'annonce mais ne découvrira que bien plus tard que son « oncle » n'est autre qu'un riche marchand caravanier qui a accepté Yusuf comme dédommagement de la dette du père.
La vie de Yusuf va alors basculer et le lecteur le suivra jusqu'à l'âge de 17 ans, lorsqu'il partira au sein d'une caravane,vers l'intérieur du pays où il va découvrir la vie avec ses désillusions, mais aussi la liberté.
Au rythme de ces longues caravanes de marchands on découvre petit à petit l'étendue du pays et la beauté de ces paysages mais aussi la vie difficile, périlleuse, des tribus qui y vivent et s'affrontent. Les conflits entre musulmans et hindous, le poids des traditions, les trahisons et le début du colonialisme allemand jalonnent ces longs parcours et l'auteur jette un regard sans concession sur son pays.
Yusuf en sortira grandi humainement mais son choix se portera sur un bataillon d'officiers allemands ayant débarqué chez Oncle Aziz qu'il décidera de suivre finalement.
"Vivre vite", de Philippe Besson
Cette biographie romancée de James Dean nous fait revivre la courte vie de cet acteur américain que l'on associe à la jeunesse éternelle. On connaît beaucoup de sa vie mais dans son livre Philippe Besson évoque l'artiste au travers d'une série de témoignages sur ce garçon de l'Indiana et il apparaît alors sous un jour nouveau. Le lecteur comprend qu'il a brûlé la vie par les deux bouts, vivant toujours dans un souci de se réaliser au plus vite, d'atteindre un but pour en envisager un autre aussitôt.
Cette course à la vie est très bien rendue par l'auteur qui fait parler J. Dean au travers de sa famille, ses amis et relations amoureuses ambiguës, mais aussi par la voix des acteurs et réalisateurs avec qui il a travaillé. Les paragraphes sont plus ou moins courts et donnent cette impression d'intensité et de rapidité à la vie de J.D.
C'est un beau roman qui cerne très bien le personnage, jeune homme fantasque et rebelle ayant un goût du risque énorme mais chez qui on devine une grande fragilité qui l'habitera jusqu'à cette fin tragique.
Un bref instant de splendeur se présente sous la forme d’une lettre qu’un fils adresse à sa mère qui ne la lira jamais. Fille d’un soldat américain et d’une paysanne vietnamienne, elle est analphabète, parle à peine anglais et travaille dans un salon de manucure aux États-Unis. Elle est le pur produit d’une guerre oubliée. Son fils, dont la peau est trop claire pour un Vietnamien mais pas assez pour un Américain, entreprend de retracer leur histoire familiale : la schizophrénie de sa grand-mère traumatisée par les bombes ennemies au Vietnam, les poings durs de sa mère contre son corps d’enfant, son premier amour marqué d’un sceau funeste, sa découverte du désir, de son homosexualité et du pouvoir rédempteur de l’écriture.
Ce premier roman, écrit dans une langue d’une beauté grandiose, explore avec une urgence et une grâce stupéfiantes les questions de race, de classe et de masculinité. Ocean Vuong signe une plongée dans les eaux troubles de la violence, du déracinement et de l’addiction, que la tendresse et la compassion viennent toujours adroitement contrebalancer. Un livre d’une justesse bouleversante sur la capacité des mots à panser les plaies ouvertes depuis des générations.
« La Saga du Soleil Noir Tome 1 : Le Triomphe des Ténèbres », de Eric Giacometti et Jacques Ravenne
1938. Dans une Europe au bord de l’abîme, une organisation nazie, l’Ahnenerbe, pille des lieux sacrés à travers le monde. Elle cherche des trésors aux pouvoirs obscurs destinés à établir le règne millénaire du Troisième Reich. Son maître, Himmler, envoie des SS fouiller un sanctuaire tibétain dans une vallée oubliée de l’Himalaya. Il se rend lui-même en Espagne, dans un monastère, pour trouver un tableau énigmatique. De quelle puissance ancienne les nazis croient-ils détenir la clé ? À Londres, Churchill découvre que la guerre contre l’Allemagne sera aussi celle, spirituelle, de la lumière contre les ténèbres.
Tristan, le trafiquant d’art au passé trouble ; Erika, une archéologue allemande ; Laure, l’héritière des Cathares... : dans le premier tome de cette saga, l’histoire occulte fait se rencontrer des personnages aux destins d’exception avec les acteurs majeurs de la Seconde Guerre mondiale.
Florence
« Les enfants sont rois », de Delphine De Vigan
Kimmy Dior, une fillette, vient d’être enlevée. Sa mère Mélanie Claux, est une star YouTube, où elle expose sa vie ainsi que celle de ses jeunes enfants, sans tenir compte des conséquences pour eux. C’est aussi la confrontation de 2 femmes que tout oppose, Mélanie et Clara chargé de l’enquête. Clara va découvrir un monde qu’elle ignore totalement.
Je ne connais pas bien, ce mondes des réseaux sociaux. C’est un monde qui me parait sous certains aspects bien effrayant, que l’on expose sa vie d’adulte c’est une chose, mais delà a exposer celle de ses enfants en est une autre.
J’ai beaucoup aimé ce roman, un coup de cœur
« Petite Philosophie du Grand Large », de Claude Obadia
Larguer les amarres, voir disparaître la côte, n'être plus que sens du vent et gestes assurés : cette expérience est d'un genre à part. Les Grecs anciens ne s'y trompaient pas, pour qui « il y a les vivants, il y a les morts, et il y a ceux qui vont sur les mers ». Naviguer au large ? S'aventurer en haute mer ? Plus qu'un loisir, plus qu'un plaisir, plus même qu'une performance sportive : une authentique expérience philosophique. Là, le marin ne peut compter que sur lui-même. Il s'éprouve, se retrouve en situation de faire...
La navigation hauturière, les qualités que cela demande et celles qui sont développées et comment ces qualités peuvent devenir philosophie de vie en mer et par extension sur terre. Ce livre est très agréable à lire, l’auteur utilise des cas concrets pour illustrer ses propos, au travers d’expériences vécues personnellement ou de celles de navigateurs telles que Loïc Peyron, Philippe Poupon, Éric Tabarly …..
On peut lire cela comme des nouvelles.
On découvre la vie de ces aventuriers qui acceptent les risques encourus, mais prépare avec sérieux leur voyage. Comment réagir à l’imprévu, accepter les difficultés rencontrées, les échecs.
Le navigateur doit faire preuve d’autonomie, accepter ses vulnérabilités, la peur.
C’est aussi un exemple de solidarité entre navigateurs.
« L'Envers de l'espoir », de Mechtild Borrmann
Valentina vit dans la zone interdite de Tchernobyl. Les seuls habitants de cet endroit maudit sont ceux qui n’ont pas d’autre choix ou qui cherchent à se cacher. Cette femme usée par la vie attend désespérément le retour de sa fille dont elle n’a plus de nouvelles depuis des mois. Elle semble avoir disparu, comme beaucoup d’autres étudiantes parties pour l’Allemagne avec une bourse en 2009. Pour combler le vide et garder l’espoir de la retrouver, Valentina consigne dans un cahier ses souvenirs, avant et après la catastrophe...
Quatre personnages :
- Matthias Lessmann, cultivateur à Zyfflich, petit village d’Allemagne, qui recueille une jeune fille Tania.
- Valentina, qui vit dans la zone d’exclusion autour de Tchernobyl.
- Leonid Vitaliovitch Kyran, qui travail à la milice, nom de l’ancienne police Ukrainienne.
C’est une enquête policière portant sur la disparition de jeunes filles sur fond de corruption. Ce roman m’a intéressée, car au-delà de l’enquête, c’est aussi la description de la vie en Ukraine, notamment avant la catastrophe de Tchernobyl, pendant et après. La prise en charge de la catastrophe et de ses conséquences humaines.
Le destin de ces quatre personnes va se télescoper.
Ce n’est pas un policier violent dans son déroulement, même si ce qu’il décrit l’est énormément.
Françoise
"L'enragé", de Sorj Chalandon
"L'épaisseur d 'un cheveu", de Claire Berest
Stéphanie
"La poupée", de Ysra Sigurdardottir
Mon avis : Enquête que j’ai trouvé « poussive », je n’ai pas vraiment « accroché » ….
Catherine Renon n’a plus vu son mari François depuis des jours et ne semble pas s’en émouvoir. Virginie Sevran et Pierre Biolet du SRPJ de Clermont-Ferrand ont été appelés pour constater la présence d’un corps démembré et en partie brûlé au col des Goules. Quand l’enquête met un nom sur ce corps, celui de François Renon, les questions les plus folles surgissent, avec une seule certitude : tous les meurtriers possibles de ce fils de bonne famille sont autant de facettes d’une victime annoncée.
Mon avis : premier livre de Cécile Cabanac dont j’avais beaucoup aimé le troisième (« La petite ritournelle de l’horreur »), il ne m’a pas déçu ! On est très vite happé par l’enquête et par l’atmosphère « chabrolienne » qui règne dans ce roman. Et cela m’a conforté dans l’envie de suivre cette auteure.
"Le mystère de la femme sans tête ", de Myriam Leroy
Jeune Russe exilée en Belgique, Marine Chaffrof, fut, sur ordre de Hitler, décapitée à la hache en 1942. Cette mère de famille au courage extraordinaire, sacrifiée pour que vivent des innocents, aurait dû marquer l’Histoire. Elle est pourtant tombée dans l’oubli. Comment a-t-elle été refoulée de nos mémoires ?
Mon avis : roman original mêlant l’intime, la réalité et la fiction où se superposent 1942 et 2022 montrant que les femmes sont toujours reléguées à l’arrière-plan, j’ai bien aimé. Il m’a permis de découvrir une figure féminine de l’histoire, une fois de plus oubliée !
En Iran, les jeunes ne sont toujours pas libres d’être heureuses. Rien n’a changé depuis l’arrivée au pouvoir de Hassan Rohani et l’accord signé avec les grandes puissances occidentales sur le programme du nucléaire iranien. Les témoignages ont été recueillis sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad puis durant celle de son successeur, Hassan Rohani, qualifié de réformateur par la communauté internationale.
Mon avis : bande dessinée parue en 2016, donc avant les soulèvements de 2022, celle-ci recueille les témoignages de jeunes iraniens sur leur vie, leurs envies, leurs amours. J’ai beaucoup aimé à la fois les pudeurs et le lâcher-prise de ces jeunes enfermés dans le carcan de cette société religieuse et didactoriale.
Mon avis : c’est avec plaisir que j’ai retrouvé Arnaldur Idridason dans une enquête prenante. Une fois de plus, je ne suis pas déçue de cet auteur.
Catherine & Olivier
"Campagne anglaise", de Marc Dugain
Un quadragénaire séduisant anglais et fortuné loue les services d'une prostituée argentine. Rencontre de deux solitudes qu'en apparence tout sépare. Coup de cœur !
"Tsunami", de Marc Dugain
Le quotidien d'un Président de la République face à lui-même et confronté aux exigences gouvernementales du moment.
"Les vitamines du soleil", de Marc Dugain
"Terre des morts", de Jean-Christophe Grangé
Deux strip-teaseuses ont été assassinées avec le même mode opératoire sinistre, inspiré des peintures de Goya. Le flic Corso, aux pratiques douteuses, va enquêter avec son équipe dans les milieux les plus sombres. Un peu glauque mais très bon roman policier.