Le club des lecteurs vous propose ses avis de lectures du mois de janvier 2024.
Stéphanie
"Sur la dalle", de Fred Vargas
La "dalle" évoquée par le titre est un dolmen situé en Bretagne, où se déroule l’action du roman. On y retrouve le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg qui apporte son aide à la police locale pour démasquer un tueur en série qui sévit dans les environs de Combourg, lieu indissociable du souvenir de Chateaubriand.
Mon avis : malgré les mauvaises critiques, c’est avec plaisir que j’ai retrouvé le héros de Fred Vargas, lui et ses collègues parisiens avec leur singularité de caractère propre à tous. Il y a dans les romans de Fred Vargas beaucoup de culture et de poésie amenée par ses personnages.
"Femme, rêve, liberté ", ouvrage collectif
Pour soutenir la révolution actuelle en Iran, douze autrices iraniennes ont répondu à l’invitation de Sorour Kasmaï d’écrire dans ce recueil. Douze histoires, douze femmes qui viennent unir leurs voix aux cris de celles et ceux qui ne renoncent pas.
Mon avis : petit livre qui se lit vite avec des histoires vécues ou romancées qui sont toutes intéressantes à découvrir.
« La cour des mirages », de Benjamin Dierstein
Juin 2012. Triomphe politique pour la gauche et gueule de bois pour la droite. Les têtes tombent. Les purges anti-sarkozystes au sein du ministère de l’Intérieur commencent. La commandante Laurence Verhaeghen quitte la DCRI et intègre la Brigade criminelle de Paris. Elle est rapidement rejointe par son collègue Gabriel Prigent, hanté par la disparition de sa fille six ans plus tôt. Pour leur retour au 36, les deux flics écopent d’une scène de crime sauvage : un ancien cadre politique a tué sa femme et son fils avant de se suicider.
Mon avis : sur fond de politique, d’évasion fiscale, de pédocriminalité et de prostitution de luxe, ce polar très noir est captivant ! Je l’ai « dévoré » en peu de temps (malgré ses 840 pages !).
Et j’ai déjà réservé le premier livre de cet auteur détonnant.
« L’étoile du désert », de Michaël Connelly
Fraîchement nommée à la tête de l’unité des affaires non résolues, l’inspectrice Renée Ballard fait appel à Harry Bosch pour constituer son équipe. Enthousiaste, il accepte en espérant pouvoir enfin résoudre une affaire d’assassinat de toute une famille dans le désert de Mojave neuf ans auparavant.
Mon avis : je n’avais lu qu’un livre de Michaël Connelly il y a longtemps et, dans mon souvenir, j’avais beaucoup aimé. Par curiosité, j’ai donc lu son dernier opus et je n’ai pas été déçue, son personnage récurrent Harry Bosch est toujours aussi faillible ce qui le rend attachant et les enquêtes sur les cold cases sont prenantes.
« L’épaisseur d’un cheveu », de Claire Berest
Etienne est correcteur dans l’édition. Avec sa femme, Vive, délicieusement fantasque, ils forment depuis dix ans un couple solide. Parisiens, ils vont de vernissage en concert classique et se complètent entièrement. Mais quelque chose va faire dérailler cette parfaite harmonie. Quelque chose d’aussi infime que l’épaisseur d’un cheveu, aussi violent qu’un cyclone qui balaie tout sur son passage….
Mon avis : la montée en puissance, petit à petit, de la violence qui va mener au chaos final est intéressante à suivre. Claire Berest sait très bien faire grandir la graine du chaos qui va tout ravager entre Etienne et sa femme. J’ai bien aimé.
"Purge", de Sofi Oksanen
Roman très sombre sur l'histoire de l'Estonie et la noirceur de l'âme humaine. Se déroule par flash backs entre l'Estonie, Vladivostok et Berlin des années 30 aux années 90. L'Estonie est prise en étau entre les menaces nazie et soviétique, puis la tyrannie du régime communiste avec privation de libertés, dénonciations injustifiées et déportations, puis sous le joug des russes mafieux. Deux Personnes aux vies parallèles vont se rencontrer et l'on découvre qu'elles ont un lourd passé commun.
Roman à la justesse de l'analyse psychologique et des sentiments qui nous tient en haleine jusqu'à la fin.
"Underground railroad", de Colson Whitehead (prix Pulitzer)
Parcours de Cora, jeune esclave de 16 ans qui s'enfuit d'une plantation de coton en Georgie avant la guerre de sécession. Elle va passer de Caroline du Sud au Tennessee puis à l'Indiana grâce à un réseau de chemin de fer clandestin tenu par des abolitionnistes. On découvre à travers son périple le fondement et la mécanique du racisme. Traquée comme une bête par un chasseur d'esclaves, elle fera tout pour conquérir sa liberté.
C'est un roman poignant qui ne nous lâche pas jusqu'à son dénouement.
Catherine & Olivier
"Le loup des steppes", de Hermann Hesse
C'est une traduction d'un auteur allemand. Ce livre raconte l'histoire d'un homme de 50 ans qui est totalement déprimé jusqu'à penser au suicide, coupé du monde et des autres, mais qui va reprendre vie en analysant sa pensée et en « réintégrant » la vie au travers d'expériences surprenantes.
Harry Haller est un homme très érudit,en perpétuel questionnement sur le monde, qui recherche la vérité en tout et s'est isolé totalement des autres au point de ne plus savoir communiquer du tout.
Il n'est que souffrance quand commence son histoire dans le roman et le lecteur se sent entraîné dans des profondeurs sinistres. L'alcool lui permet, au fond d'un bar douteux, d'alléger son mal être et c'est en sortant de ce lieu qu'il rencontre un homme qui va changer sa vie d'une certaine façon.
Cet homme porte une pancarte improbable qui dit « soirée anar – thêatre magique – tout le monde ne peut entrer » ; il donne à Harry un petit traité qui parle du loup des steppes dans lequel il se reconnaît.
Hermine et Maria ainsi que Pablo sont des personnages qui interviendront dans la vie de Harry et l'aideront à redécouvrir son côté humain et sociable, tourné vers la vie.
L'intérêt de ce livre réside dans la façon dont l'auteur parle du loup des steppes. C'est une auto analyse (psychanalyse) qu'il mène mais tout en parlant de philosophie, de sociologie, de sciences comportementales et de culture. De nombreuses remarques sont faites sur la place des images dans la société, sur les comportements humains et qui résonnent parfaitement aujourdh'ui.
Ce roman a pourtant été écrit en 1927 !
"La rivale", de Eric Emmanuel Schmitt
Enzo Ponzi qui adore l'opéra (il a été initié par son grand-père) est guide touristique à Milan et lors d'une visite de la Scala il rencontre une certaine Carlotta Berlumi, « petite vieille rabougrie et geignarde » qui l'interpelle quand il est en train d'évoquer Maria Callas et sa carrière.
Le livre raconte en fait la vie et le talent de la Callas mais rapportés par Carlotta qui, tout en l'admirant, la déteste comme rivale.
On apprend beaucoup sur le parcours de celle qui a révolutionné l'art lyrique en son temps.
L'écriture est très belle, pleine d'humour. A lire !
Florence
"La fortune des Rougon", d'Emile Zola
Dans la petite ville provençale de Plassans, au lendemain du coup d’Etat d’où va naître le Second Empire, deux adolescents, Miette et Silvère, se mêlent aux insurgés. Leur histoire d’amour comme le soulèvement des républicains traversent le roman, mais au-delà d’eux, c’est aussi la naissance d’une famille qui se trouve évoquée : les Rougon en même temps que les Macquart dont la double lignée, légitime et bâtarde, descend de la grand-mère de Silvère, Tante Dide. Et entre Pierre Rougon et son demi-frère Antoine Macquart, la lutte rapidement va s’ouvrir. Premier roman de la longue série des Rougon-Macquart, La Fortune des Rougon que Zola fait paraître en 1871 est bien le roman des origines. Au moment où s’installe le régime impérial que l’écrivain pourfend, c’est ici que commence la patiente conquête du pouvoir et de l’argent, une lente ascension familiale qui doit faire oublier les commencements sordides, dans la misère et dans le crime. « Votre comédie est tragique », écrit Hugo juste après avoir lu le livre : « Vous avez le dessin ferme, la couleur franche, le relief, la vérité, la vie. Continuez ces études profondes. »
C'est la noirceur de l’âme humaine qui est décrite, entre la naïveté de Miette et Silvère, victimes, Pierre et Félicité Rougon, prêts à tout pour changer de quartier dans Plassan, symbole de la réussite, quels que soient les dommage collatéraux. Ils se servent d'un coup d'état, sans aucune conviction politique pour arriver à leurs fin. Antoine Macquart, ambitieux et fainéant, n'a rien à leur envier. Ce livre m'a plu, dans sa description du caractère des personnages, jusqu'où ils sont prêts à aller pour atteindre le but. Pas trop de longueurs, hormis les descriptions des promenades de Sylvère et Miette.
"Territoires", d'Olivier norek
Les exécutions sommaires de trois jeunes caïds de Malceny, "plaque tournante de la came pour l'Île-de-France", mettent la SDPJ sur les dents. Mais le capitaine Coste n'a pas peur de mettre le feu aux poudres... À Malceny, dans le 93, on est habitués aux règlements de comptes. Mais un nouveau prédateur est arrivé en ville et, en quelques jours, les trois plus gros caïds du territoire sont exécutés. Le capitaine Coste et son équipe vont devoir agir vite, car leur nouvel ennemi s'implante comme un virus dans cette ville laissée à l'abandon, qui n'attend qu'un gramme de poudre pour exploser. Une ville où chacun a dû s'adapter pour survivre : des milices occultes surentraînées, des petits retraités dont on devrait se méfier, d'inquiétants criminels de 12 ans, des politiciens aveugles mais consentants, des braqueurs audacieux, des émeutiers que l'État contrôle à distance de drone. Et pendant ce temps, doucement, brûle la ville. La dernière affaire du capitaine Coste ? Elle se passe en enfer...
Madame Vesperini, maire de la ville, est prête à frôler ce milieu, à quelques compromis pour être réélu et avoir le calme dans sa ville. Ce qui m'a plu, c'est la description du milieu, la violence des personnages sans aucune empathie et à la fois les connivences avec les politiques qui peuvent être rapidement dépassés par la situation.