Le club des lecteurs vous propose ses avis de lectures du mois d'avril 2024.
Stéphanie
« L’affaire Alaska Sanders », de Joël Dicker
Avril 1999. A Mount Pleasant, dans le New Hampshire, le corps d’Alaska Sanders arrivée depuis peu dans la ville, est retrouvé au bord d’un lac. L’enquête est rapidement bouclée. Onze ans plus tard, l’affaire rebondit. Début 2010, le sergent Perry Gahalowood reçoit une lettre anonyme qui le trouble. Et s’il avait suivi une fausse piste ? Son ami Marcus Goldman, qui vient de remporter un immense succès avec « La vérité sur l’affaire Harry Québert », va lui prêter main forte pour découvrir la vérité.
Mon avis : Ravie de retrouver Joël Dicker pour une enquête plein de rebondissements. Lecture toujours aussi agréable !
« Grande couronne », de Salomé Kiner
Nous sommes en France, à la fin des années 90. Dans une ville de banlieue, une adolescente regarde passer les trains qui filent vers la capitale. Elle a des rêves plein la tête, notamment avoir des vêtements de marque. Mais comment faire quand sa famille vacille et que l’argent de poche est insuffisant ? Elle devra tout apprendre : tenir tête à ses copines, assumer des responsabilités trop grandes pour elle et vivre ses premières expériences sexuelles.
Mon avis : héroïne très attachante et drôle malgré les choses sordides qu’elle peut vivre, ce livre m’a beaucoup plu : COUP DE CŒUR !
« Bélhazar », de Jérôme Chantreau
Février 2013 : Bélhazar, un jeune homme sans histoires, décède lors d’un contrôle de police. Accident ? Bavure ? Suicide, comme l’avance le rapport officiel ? L’affaire en reste là. Jérôme Chantreau décide de mener l’enquête. Professeur de français et de latin, il avait pour élève Bélhazar. Que s’est-il vraiment passé ce soir d’hiver ? Et surtout qui était Bélhazar ? Artiste précoce ? Adolescent hypnotique ?
Mon avis : histoire vraie assez incroyable, on parcours les pages de ce roman hypnotisé par l’histoire de cette affaire assez atypique.
« La défaite des idoles », de Benjamin Dierstein
A six mois des élections de 2012, l’UMP et le PS se livrent un combat sans merci pour le pouvoir suprême. Alors qu’elle enquête sur un meurtre, Laurence Verhaeghen, capitaine de la Crim’ à Paris et sarkozyste convaincue retrouve la trace de Christian Kertesz, ancienne gloire des Stups. Il travaille pour des mafieux corses et verse parfois dans l’espionnage industriel. Entre ces deux-là s’engage un duel à mort au cœur de la corruption moderne.
Mon avis : Deuxième volet de la trilogie de Benjamin Dierstein, je suis toujours aussi happée par ses histoires haletantes matinées de fiction et de vérités.
« Le chaos dans nos veines », de Cécile Cabanac
Dans une maison isolée, le capitaine Brisseau découvre le cadavre d’une femme. Aussitôt une hypothèse se dessine : suicide. Mais, très vite, tout se complique : un second corps est retrouvé à la cave flottant dans une cuve d’acide et la première victime se révèle être une ex-flic. Commence alors pour Brisseau et la lieutenant Marianne Decointet, une enquête compliquée où le mal règne en maître…
Mon avis : je confirme, avec ce roman, l’engouement que me procure un livre de Cécile Cabanac ! Enquête maîtrisée de bout en bout et suspens implacable, un coup de cœur !
« L’homme aux mille visages », de Sonia Kronlund
Il se fait appeler Ricardo, Alexandre, Daniel ou Richard. Il est argentin, brésilien ou portugais, se prétend chirurgien, ingénieur, photographe ou policier. Sous ses multiples légendes, il mène en parallèle plusieurs histoires d’amour dans différents pays. Sans qu’aucune compagne ne se doute de rien. Qui est cet imposteur de haut vol ? Comment procède-t-il ? Pourquoi ?
Mon avis : histoire incroyable mais vraie ! Nous sommes plongée dans l’enquête que mène l’autrice pour essayer de comprendre les motivations de cet imposteur, mythomane au plus haut degré !
Brigitte
"Le Chien des étoiles", de Dimitri Rouchon-Borie
Gio, 20 ans, a été gravement blessé en se prenant un coup de tournevis dans la tête. Après plusieurs mois à l'hopital, il n'est plus tout à fait le même, sa vision des choses a changé. Il rencontre un gamin muet, paumé, Papillon, qui a son propore langage mais que Gio comprend parfaitement, et Dolores, belle jeune fille de 16 ans qui offre son corps aux hommes, souvent mauvais, ce qui lui permet d'exister. Tous les trois vont s'enfuir de ces clans de violence, dans un train de marchandises. Gio les prend sous son aile, il veut les sauver, construire une vie meilleure. Mais la violence est souvent présente, et le chemin sera semé d'embûches.
Le récit est prenant, les personnages sont magnifiques dans leur candeur et malgré la violence et la noirceur du texte, des moments de poésie surgissent pour nous contenir dans notre émotion. Un livre que j'ai adoré et qui m'a donné envie de suivre cet auteur. J'ai alors emprunté son premier livre, voir ci-dessous :
"Le Démon de la colline aux loups", de Dimitri Rouchon-Borie
Un homme se retrouve en prison. Brutalisé dans sa mémoire et dans sa chair, il décide avant de mourir de nous livrer le récit de son destin, armé d'un dictionnaire et d'un livre de grammaire. On entre progressivement dans la vie de ce garçon qui nous livre ses premières sensations, bébé, puis la fratrie, les repères, tous enfermés dans une pièce, sans paroles, des parents abominables et pire la violence, l'inceste. La rebellion de ce gamin qui va lutter, dénoncer ses parents pour sauver sa soeur, lutter toute sa vie mais qui est persuadé que le démon est en lui, comme il l'était déjà chez son père et son grand-père. Sa vie sera faite de tendresse, d'amour, et de rage qu'il ne peut contenir.
Le récit est poignant, violent, écrit avec les mots d'un enfant qui n'a pu aller à l'école, rejeté, meurtri, mais sublime ! Certes, on n'en sort pas indemne. Un énorme coup de coeur !
"C'est bête à dire mais la Colline aux Loups au départ je ne savais pas que C'était la Colline aux Loups vu que j'habitais dans la maison qui était dessus et que je n'en étais jamais sorti encore. On était là et on ne savait pas qu'on était dedans. Si je dis on c'est parce qu'il va falloir que je vous parle des frères et sœurs et ça ça ne va pas être facile pour moi de les raconter car je ne sais pas où ils sont aujourd'hui et ça me fait un mal au-dedans qui ressemble à rien d'autre. J'étais né entre les deux premiers et les trois derniers alors j'ai toujours dit qu'on était cinq parce que ça se calculait mieux si je n'existais pas dans l'addition et à l’école j'utilisais une calculatrice quand j'y allais mais pas pour faire les exercices juste pour appuyer sur les touches et c'est aujourd’hui que je saurais enfin m'en servir. Je n’ai plus rien à calculer de la famille c’est l’avantage d’être seul."
"Je suis resté chez Pete et Maria des années et tout allait bien car leur façon de fabriquer des habitudes me protégeait du Démon. J'ai compris cette chose-là c'est qu'ils s'occupaient de moi et tant qu'ils le faisaient je pouvais compter sur eux c'était comme museler un fauve en lui faisant des caresses. Je sentais bien que j'avais à l’intérieur une trace qui ne partait pas c'était la déchirure de l'enfance c'est pas parce qu'on a mis un pont au-dessus du ravin qu'on a bouché le vide.."
"Impossibles adieux", de Han Kang
Comme un long songe d’hiver, ce nouveau roman de Han Kang nous fait voyager entre la Corée du Sud contemporaine et sa douloureuse histoire.
Un matin de décembre, Gyeongha reçoit un message de son amie Inseon. Celle-ci lui annonce qu’elle est hospitalisée à Séoul et lui demande de la rejoindre sans attendre. Les deux femmes ne se sont pas vues depuis plus d’un an, lorsqu’elles avaient passé quelques jours ensemble sur l’île de Jeju. C’est là que réside Inseon et que, l’avant-veille de ces retrouvailles, elle s’est sectionné deux doigts en coupant du bois. Une voisine et son fils l’ont trouvée évanouie chez elle, ils ont organisé son rapatriement sur le continent pour qu’elle puisse être opérée de toute urgence. L’intervention s’est bien passée, son index et son majeur ont pu être recousus, mais le perroquet blanc d’Inseon n’a pas fait le voyage avec elle et risque de mourir si personne ne le nourrit d’ici la fin de journée. Alitée, elle demande donc à Gyeongha de lui rendre un immense service en prenant le premier avion à destination de Jeju afin de sauver l’animal.
Malheureusement, une tempête de neige s’abat sur l’île à l’arrivée de Gyeongha. Elle doit à tout prix rejoindre la maison de son amie mais le vent glacé et les bourrasques de neige la ralentissent au moment où la nuit se met à tomber. Elle se demande si elle arrivera à temps pour sauver l’oiseau d’Inseon, si elle parviendra même à survivre au froid terrible qui l’enveloppe un peu plus à chacun de ses pas. Elle ne se doute pas encore qu’un cauchemar bien pire l’attend chez son amie. Compilée de manière minutieuse, l’histoire de la famille d’Inseon a envahi la bâtisse qu’elle tente de rejoindre, des archives réunies par centaines pour documenter l’un des pires massacres que la Corée ait connu – 30 000 civils assassinés entre novembre 1948 et début 1949, parce que communistes.
Catherine & Olivier
"La vie heureuse", de David Foenkinos
Christine
"Les vertueux", de Yasmina Khadra
C'est un roman dans lequel YK parle de l'Algérie coloniale et même post coloniale au travers de personnages presque uniquement algériens sans qu'aucun français n'intervienne vraiment.
YACINE CHERAGA est celui dont on va voir le destin se forger tout au long du roman, juste après la première Guerre Mondiale.
Tout commence pour lui lorsqu'il a 17 ans et qu'un certain caïd Brahim Gaïd vient le sortir du village où il vit misérablement avec sa famille. Cet homme puissant régnant sur les terres de la région veut que Yacine remplace son propre fils dans les tranchées de la 1ère Guerre Mondiale. Yacine acceptera sous un autre nom de partir à la guerre, en étant convaincu que si retour il y a, il pourra, lui et sa famille, faire fortune et vivre dignement sur ses terres. C'est du moins ce que le caïd a réussi à lui faire croire.
L'auteur nous fait vivre cette guerre au travers du 7éme régiment des tirailleurs algériens à Verdun et autres lieux tristement connus. Si l'horreur y est bien présente, les sentiments de loyauté de partage de solidarité et de sincère amitié sont toujours présents durant cette période. De retour au pays,le candide Yacine bâtira son destin sur tout ça mais sa vie lui réservera de nombreuses et douloureuses désillusions en Algérie.
L'auteur a écrit un roman très alerte tant historique que psychologique où la nature humaine est exploitée dans toutes ses complexités. Le contexte colonial et ses nombreuses tensions entre profiteurs du système et rebelles y est présent, qui annoncent l'avenir de l'Algérie du FLN et la guerre à venir.
La seconde partie du livre est passionnante même si le destin de Yacine y est un peu caricaturé par cette succession de « malchances » qui jalonnent sa vie au retour de la guerre. La fin trop heureuse semble vouloir compenser tout ça mais malgré certains défauts le roman est très beau.
"Dom Juan", de Molière
C'est une pièce de Molière que j'ai lue pour la première fois dans laquelle on retrouve tous les talents de l'auteur. Outre le côté burlesque et tragique de cette pièce qui font la caractéristique de l'auteur, j'ai trouvé que Dom Juan faisait, dans ses discours, résonance aux talents de nos politiciens actuels qui savent enjôler les gens. Les femmes sont les perdantes de cette pièce mais Dom Juan, au travers de son cynisme, réussit à mettre en valeur l'idée moderne de profiter des plaisirs de l'existence sans subir aucune entrave et d'assumer une certaine idée de la liberté par-delà les contraintes de la morale.
A lire et à voir !
L'histoire se passe en Mandchourie occupée par les Japonais depuis 1931. Une jeune lycéenne de 16 ans, initiée au jeu de go à 4 ans par son cousin, se retrouve après la classe, Place des 1000 Vents où elle triomphe de ses prétendants. Mélancolique et passionnée, elle aspire à une autre vie. Parallèlement à son récit, un officier japonais décrit sa première mission dans la ville et la nostalgie de sa famille et de son pays. Sous un déguisement chinois, il décide d'aller jouer au go et deviendra l'adversaire de la petite joueuse. Ils vont s'affronter tous les jours et s'estimer mutuellement jusqu'à l'anéantissement de la ville par les Japonais.
On voit à travers leurs deux récits et leur point de vue différents, la description d'une ville attaquée et qui résiste, et les coutumes et traditions de l'ancienne Chine qui disparaissent. Ce livre m'a beaucoup plu, facile à lire, récit original et intéressant sur cette époque. Coup de coeur !
Sarah raconte sa vie à un écrivain qu'elle admire pour qu'il en fasse un livre. Dans le roman elle s'appellera Suzanne. Le récit alterne entre la vie de Sarah et la vie de Suzanne et l'auteur en modifie le cours. L'écrivain tisse un lien étroit avec Sarah et parle de lui à la 3 ème personne car il dit "ce qu'on vit et ce qu'on raconte font de nous des personnages de fiction."
Je n'ai pas trop apprécié ce livre déroutant avec des passages délirants et parfois crus et des digressions dans le récit au ton emphatique et pédant rendant la lecture ennuyante.
"Article 353 du code pénal", de Tanguy Viel
On sait d'emblée qu'un promoteur immobilier a été jeté à la mer lors d'une partie de pêche par un certain Martial Kermeur. Il va être arrété par la police et déféré auprès d'un juge. Il va dérouler son histoire et les évenements qui l'ont amené à ce geste : son divorce, la garde de son fils Erwan son licenciement et surtout les miroitants projets du promoteur auxquels il va finir par croire. Très belle description de cet homme las qui a subi des échecs et qui essaie désespérément de comprendre les circonstances fatales qui l'ont conduit au meurtre. L'article 353 du code de procédure pénale renferme toute la mesure des devoirs du juge et la seule question "Avez vous une intime conviction ?"